Être heureux(se) dans sa vie professionnelle, ça commence quand on est lycéen et étudiant. Apprendre à se connaître, s’écouter, bien s’orienter…
Cet article a été écrit par Katell, du blog Secrets d’orientation [ndlr : entre temps, ce blog a été mis hors ligne et n’est plus accessible]
Tu es lycéen ou étudiant ? On te reproche de papillonner parce que tu changes d’orientation ou de loisirs sans cesse ? Dans cet article, tu vas découvrir comment transformer ta soif de découverte en un avantage considérable pour choisir ton orientation.
Tu est ce qu’on appelle un slasheur, c’est-à-dire que tu te rends compte que tu as la capacité de t’intéresser à beaucoup de sujets et qu’il n’est pas rare que tu choisisses d’en explorer certains assez profondément. Contrairement à la majorité de tes amis, le plaisir d’apprendre est tel que tu n’hésiteras pas à explorer ta nouvelle passion tout seul. D’ailleurs, il est probable que ton enthousiasme attire vers toi les personnes qui la partagent.
Cet état d’esprit comporte beaucoup d’avantages. La vie ne manque jamais d’intérêt pour toi. Tu apprends assez facilement, tu t’adaptes à des manières de penser différentes. Avant de juger, tu essaies de comprendre et cela fait de toi quelqu’un de recherché. Du moins par ceux qui n’ont pas peur de ton énergie et de ta curiosité. Car une telle activité peut surprendre des tempéraments plus conventionnels.
Parfois il peut t’être reproché de papillonner d’un domaine à l’autre. L’année dernière tu faisais de la danse, la précédente de la trompette et l’an prochain tu envisages de t’inscrire dans un club d’arts martiaux. Tes parents ont l’impression d’avoir acheté un instrument pour rien et tu oses à peine leur demander une tenue de Kung Fu.
Peut-on devenir bon dans son métier, si on ne se focalise pas sur une spécialité ?
Les personnes les plus indulgentes diront que tu te cherches et que c’est bien normal à l’adolescence. A l’âge adulte par contre, cette attitude est beaucoup moins tolérée. Je me souviens d’un formateur en marketing qui me disait que je devais choisir entre mes différentes spécialités professionnelles parce que le fait qu’on ne puisse pas me mettre dans une seule case, une seule spécialité empêchait les gens de m’identifier. Et cela est vrai: quand tu te présentes dans le monde professionnel: on aime bien apprendre que tu es expert dans UN domaine, et que tu pratiques une ou deux activités dans tes loisirs. Histoire de montrer que tu es humain, et pas monomaniaque.
C’est donc au moment des décisions d’orientation que les difficultés surgissent. De la cinquième à la terminale, peu d’années s’écoulent sans qu’il nous soit demandé de faire à chaque fois des choix qui par définition réduisent nos horizons professionnels. Or si tout, ou beaucoup de domaines nous passionnent, comment se résoudre à choisir ?
Voici quelques pistes pour t’aider à choisir sereinement tes enseignements de spécialité et tes études supérieures. Je te propose de construire ta stratégie d’orientation autour de 4 principes.
1- Les choix d’orientation ne sont pas irréversibles
En réalité, peu le sont. Certaines professions imposent une limite d’âge, mais la plupart du temps tu n’es pas concerné. L’armée fait partie des exceptions pour certaines carrières notamment dans l’armée de l’air où, pour être pilote, il faut avoir moins de 25 ans au moment de la signature du contrat. Ca suppose d’avoir le niveau d’études requis et donc de savoir dès 18 ans ce que tu veux faire. Pour les autres affectations, la limite d’âge est portée à 30 ans. Les hôtesses de l’air, elles, ont jusqu’à 35 ans selon les compagnies aériennes pour découvrir leur vocation. Je n’ai pas trouvé d’autres métiers qui imposaient un âge maximal, du moins de manière officielle.
Ainsi si tu t’engages dans une filière et qu’elle ne te plaît pas, tu peux théoriquement toujours emprunter une autre voie pour atteindre un métier qui te conviendrait mieux, ou simplement pour changer de métier. A n’importe quel âge.
Cependant, les bases que tu acquiers au cours de tes premières années d’études autour du bac sont généralement déterminantes pour une sphère d’activités auxquelles tu pourras te consacrer ensuite, tout en excluant certaines. Je m’explique: si tu décides à 30 ans de devenir astrophysicienne alors que tu as orienté ta carrière précédente vers l’économie et la gestion, cela risque d’être compliqué.
Attention! Si les choix d’orientation ne sont pas irréversibles, il faut quand même reconnaître que les domaines qui relèvent de la performance physique ou intellectuelle exigent qu’on s’y mette tôt. Tu ne peux pas devenir un athlète olympique, ni un musicien virtuose en commençant à 30 ans. Pour les maths de haut niveau, c’est pareil.
Mais tu peux quand même devenir coach sportif, musicien professionnel et même prof de math en démarrant tardivement.
Par ailleurs si les limites d’âge officielles n’existent pas ou peu aujourd’hui dans les conditions d’accès aux métiers, officieusement il peut en aller tout autrement.
2- Focalise-toi sur 2 domaines, maximum, à la fois
Tu es tout feu tout flamme, tout t’intéresse, tu veux goûter à tout. Oui, mais. Il y a un “mais”. Tu ne seras jamais au top dans un domaine si tu n’y consacres pas le temps nécessaire. Quand tu démarres une nouvelle activité, tout est nouveau, tu es plein d’illusion et les premiers apprentissages sont généralement assez faciles et rapides. Mais vient ensuite un point de résistance où tu as épuisé la facilité. Une forme de routine s’installe et tu ne progresses plus aussi vite, voire plus du tout. Et généralement c’est là que tu commences à t’intéresser à autre chose. Du point de vue de ton orientation, cette façon de procéder est vouée à l’échec. Tu ne peux pas goûter indéfiniment de tous les plaisirs de la connaissance, sauf si tu es déjà rentier.
Pose toi une seule question : quel objectif poursuis tu? Quel genre de vie veux tu mener dans les 5 ou 10 années à venir? Comment vas-tu t’en donner les moyens? A partir de là tu seras en mesure de sélectionner les activités qui respectent tes objectifs. A toi de refuser les autres, MÊME si elles t’intéressent. Tu pourras t’y consacrer plus tard, quand tu auras atteint tes premiers objectifs. Pour te motiver à choisir, je t’invite à lire sur mon blog : Le problème du choix et de la dispersion.
Idéalement, je pense qu’on ne peut pas apprendre en même temps plus de deux choses à la fois. Par exemple tu peux apprendre l’espagnol rapidement et le violon dans la même période. Mais si tu rajoutes tes études, tu sais que tu parviens à la limite de tes possibilités. Si tu veux tenir 3 activités d’apprentissage simultanément, c’est ta vie sociale qui en pâtira, voire ta santé car tu vas empiéter sur ton temps de sommeil et prendre des excitants pour tenir. Ton corps et ton mental tiendront t-ils le coup? Demande toi bien si ça en vaut la peine.
3-Faire maintenant ce qui sera plus difficile plus tard (prépa…)
Pour te rassurer, si tu crains de te tromper de voie, tu entendras partout que désormais nous aurons des carrières multiples, nous exercerons plusieurs métiers au cours de nos vies. La réalité pour le moment est que 28% seulement des salariés entament une reconversion, alors que 64% aimeraient le faire.
Pour avoir testé la reprise d’étude en étant chargée de famille et en activité, je peux t’affirmer que ce n’est pas facile du tout. Quand tu as des bouches à nourrir, un loyer ou un prêt à payer, que tes responsabilités ne te permettent pas de t’éloigner facilement de ton domicile, les possibilités se réduisent énormément. J’ai ainsi choisi de passer un Master qui finalement ne me sert pas. Ma reconversion passera sans doute par mon blog ! Mais pourquoi pas après tout : l’important selon moi est de ne surtout pas rester coincé dans une situation insatisfaisante.
Quand tu sors du lycée, tu n’as que toi, ta vie à construire en guise de responsabilité. Et c’est déjà beaucoup me diras-tu ! Oui, c’est à la fois une lourde charge et une liberté dont tu as plutôt intérêt de profiter, car elle risque de se réduire au fil de tes engagements. C’est le bon moment pour tenter des formations, ou des voyages qui demandent beaucoup d’investissement en temps et en préparation.
De plus, tes capacités d’apprentissages sont au top, dès lors que tu utilises les bonnes méthodes. Tes derniers enseignements sont encore frais, tu n’as pas oublié comment on calculait une dérivée, ni tes verbes irréguliers en espagnol, pas plus que les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient.
Ok, c’était une blague… Je veux dire que tu ne les a pas oubliés si ça t’intéressait, bien sûr !
Tout ça pour t’expliquer que la période qui suit le bac est la plus appropriée pour tenter des concours difficiles, se lancer dans des études longues ou dans un tour de France de plusieurs années avec les compagnons du devoir. Toutes sortes de choses que tu ne feras plus après, parce que tu n’en auras plus les capacités, ni le temps, ni tout simplement l’envie.
Si tu hésites encore entre deux voies professionnelles, après avoir bien exploré les réalités de ces métiers telles que je te l’explique ici en vidéo: chercher son métier sur Internet, la solution la meilleure est souvent de choisir la plus difficile d’accès. Comme ça tu pourras te former pour la seconde, plus facile, ensuite, si la première ne te convient pas. Ou si tu échoues.
Donc même si les choix d’orientation ne sont pas irréversibles, certaines voies se referment pour ceux qui ne les auront pas tentées suffisamment tôt. Quand tu sais que l’une d’elles t’intéresse, donne-toi les moyens de réussir, motive-toi, trouve des soutiens, remets-toi à niveau au besoin, et fonce !
4- Connaître l’environnement qui te rend heureux
On peut rêver d’un univers et l’idéaliser sans vraiment le connaître. C’est vrai pour un métier, et c’est vrai également pour les études. Je pense que ceux qui considèrent les études comme une parenthèse dans leur vie ont tort.
Tu as beaucoup à gagner à être plus exigeant quand à la qualité de ce moment-là. Quand tu te formes pendant plusieurs années, tu rencontres des gens, tu te construis un réseau qui pourra te servir toute ta vie future. Tu apprends aussi à te connaître, parce que tu es confronté à toutes sortes de nouvelles responsabilités. Tu expérimentes plein de “premières fois”… C’est un temps fort de ta vie qui déterminera beaucoup de tes choix et de tes opportunités à venir. Alors autant en faire une période aussi heureuse que possible.
Mais comment faire ? Peut-on savoir à l’avance si on va se plaire dans telle université, telle prépa, telle école ? A ton avis? Rien qu’en te posant la question je suis persuadée que tu as déjà quelques idées pour mener cette enquête. L’idéal est de contacter des étudiants, de leur parler, et encore mieux de se déplacer sur les sites de formation, dans les villes où elles se trouvent pour te faire ta propre opinion. Ces contacts, tu les obtiendras grâce à tes profs, mais aussi les réseaux sociaux où ils s’expriment : Instagram et Youtube grouillent d’étudiants qui témoignent de leur quotidien.
L’ambiance compte vraiment, mais également tes conditions de vie : internat, chambre en cité universitaire, coloc, studio en solo… suivant ta résistance à la solitude et ton autonomie, ou la charge de travail qui t’attend, logement, loisirs, éloignement d’avec tes proches, tous ces paramètres sont à prendre en compte pour te composer la vie la plus agréable possible.
Et devine quoi ? Cette démarche est aussi celle que tu devrais envisager pour choisir ton futur métier et ton futur poste. Si tu préfères vivre près de la mer, de la ville ou de la montagne, ou les trois… si tu as besoin de beaucoup de temps libre pour exercer tes passions, voir tes amis, etc. A différents moment de ta vie, tes besoins et tes aspirations ne seront pas les mêmes. Tu ne définiras pas de la même façon ta qualité de vie. Pour ma part c’est le facteur “liberté” qui importe beaucoup. J’ai besoin de choisir mes horaires, mes objectifs de travail, mes dates de vacances : si bien que je travaille à mon compte. En Bretagne, parce que je suis dingue de voile et que j’aime la tranquillité et les beaux paysages.
A toi de jouer à présent : un homme ou une femme avertis en valent deux ! Si tu évites les pièges de la dispersion et que tu repères ce qui t’es indispensable pour te sentir bien, tu pourras t’épanouir dans tes multiples centres d’intérêt, en les explorant…les uns après les autres 😉
En résumé, pour toi qui aimes la vie au point de vouloir tout connaître, tout savoir, tout expérimenter: choisir une orientation scolaire ou professionnelle peut-être une véritable torture!
Mais avec cet article tu dois comprendre que le bourreau c’est toi! Pour ne plus te faire mal, et choisir ta voie tu sais que tu peux:
- Découvrir énormément de domaines dans une vie, lles uns après les autres.
- Te focaliser au maximum sur 2 domaines de connaissance à la fois
- Commencer par les plus difficiles pendant que tu es jeune.
- Accorder de l’importance à la qualité de ta vie pendant tes études.
Pour bien fixer ces conseils, je te propose de commencer tout de suite! Sers-toi des critères ci-dessus et partage en commentaire de cet article les 2 domaines du savoir (ou tes enseignements de spécialité) que tu mets en tête pour tes études dans les 2 années à venir!
En plus je serai ravie de savoir si je t’ai été utile 😉
Note d’Isis :
Merci beaucoup à Katell pour cet article spécialisé pour les lycéens et étudiants ! Je tenais à ajouter un mot pour donner mon propre avis sur le point 3 : je suis d’accord avec le fait qu’il est plus facile de se lancer dans certaines voies quand on est jeunes. Mais je ne suis pas d’accord avec l’idée de se forcer à choisir son orientation par rapport à ce critère.
Je crois plutôt qu’il faut raisonner ainsi : “Je sais que ce sera plus difficile plus tard. Mais je me donne la liberté de choisir en connaissance de cause : est-ce que je préfère choisir cette voie pour limiter la difficulté plus tard ? Ou est-ce que je préfère faire ce qui m’éclate aujourd’hui et aviser pour le reste plus tard, même si c’est plus difficile ?”. Cette décision est propre à chacun. Personnellement, j’ai toujours voulu apprécier le chemin autant que la destination, donc j’ai tendance à choisir des voies qui me permettent de prendre du plaisir au quotidien. Mais c’est aussi parce que je n’avais pas d’idée précise de ce que je voulais faire. Si j’avais eu un métier de rêve, j’aurais probablement pris la voie qui y menait. 🙂
Si tu viens de terminer tes études et souhaites changer de voie professionnelle, parce que ça ne te plaît pas, je t’invite à découvrir ma formation Trouver Sa Voie. Elle te guide pour mener une introspection pour savoir ce que tu voudrais faire, puis une méthode pour identifier des idées d’activités professionnelles (salariées ou entrepreneuriales) pour transformer ça en projet professionnel épanouissant concret. 👇
Photo : Element5 Digital / Unsplash
2 réflexions au sujet de « Lycéen ou étudiant : comment t’orienter quand tu t’intéresses à trop de choses? »
Merci Isis d’avoir accueilli mon article. Je trouve ta réaction à la fin du texte très intéressante. ça me pousse à préciser que ce qui est difficile, on n’en vient généralement à bout que lorsqu’on est très motivé. Donc qu’on vise un résultat particulier: vivre de sa passion, devenir une star dans une discipline, entrer dans telle école prestigieuse. Le plaisir est alors lié au fait de se dépasser, et comme tout dépassement de soi il suppose quelques efforts qui ne se font pas toujours dans le plaisir. Toi, en l’absence de passion évidente, tu as privilégié le plaisir au quotidien. Cela revient à avancer sans objectif précis, en mode exploration. Pourquoi pas? Ton plaisir est peut-être lié à la découverte permanente de nouveautés. Le risque est de réaliser un jour avec regrets que tu aurais aimé creuser un sujet, te donner le mal nécessaire pour le maîtriser vraiment, et finalement aller aussi loin que tes capacités et ta volonté le permettraient. Qu’en penses tu?
Bel article 🙂 et en effet une personne très curieuse développera ses compétences dans plusieurs domaines, ce qui, sur le long terme, pourra lui amener de nombreuses opportunités