Amandine est slasheuse. Elle a développé trois activités qui lui permettent d’accompagner les autres à mieux vivre leur quotidien et à réaliser les projets qui leur correspondent. Amandine a dû affronter ses peurs et croyances limitantes pour se lancer. Aujourd’hui Coach / Ecrivain / Formatrice-Enseignante, elle réussit à gagner sa vie de cette manière. Elle considère aussi qu’elle s’épanouit bien plus et sait mieux s’écouter que quand elle était salariée.
L’interview audio est disponible en cliquant sur le lecteur ci-dessous :
L’article, lui, retranscrit les idées principales de l’interview.
« Slasher » : la définition d’Amandine
Slasher, c’est être « multi-casquettes » : cumuler plusieurs activités pour s’épanouir professionnellement, et se réaliser à travers ses multiples potentiels et ses multiples intérêts. Le tout en s’offrant la liberté de choisir son rythme de travail et ses valeurs professionnelles, ainsi que ses missions.
« Slasher » , c’est reconnaître que l’on peut être polyvalent, avoir plusieurs talents, et ne pas avoir envie de choisir entre tous. Mais plutôt les concilier pour choisir le métier qui NOUS correspond.
Pour autant, ça ne veut pas dire faire tout et n’importe quoi, mais plutôt trouver son fil rouge, sa mission de vie, son « pourquoi« derrière toutes ces activités.
Le fil rouge entre les trois activités d’Amandine : l’accompagnement humain
Les travailleurs les plus épanouis sont ceux qui ont trouvé leur « pourquoi » , ce qu’ils veulent apporter au monde. Pour les slasheurs, ce « pourquoi » est souvent le fil conducteur entre des activités qui semblent être en apparence décorrélées.
Pour Amandine, son « pourquoi » est clair : l’accompagnement humain.
« Mes différentes activités me permettent de transmettre, de guider, et d’aider les individus dans leur progression personnelle, pour qu’ils puissent vivre mieux au quotidien. Et, surtout, de développer les ressources adéquates pour réaliser leurs projets, que ce soit des projets professionnels ou personnels.
Je me sens à ma place dans mon rôle aujourd’hui, parce que moi-même, quand j’ai décidé de quitter le monde de l’entreprise, j’ai eu à faire face à toutes ces peurs :
- Comment concilie-t-on le fait de monter sa structure avec son besoin de reconnaissance quand on sait qu’au début ça peut mettre du temps à se lancer ?
- Comment est-ce qu’on quitte le confort rassurant de l’entreprise, un salaire qui tombe de façon sécuritaire tous les mois, pour gagner en liberté ?
Donc mon objectif avec mes différentes activités, c’est de donner des clés pour que les individus puissent travailler sur ces blocages, oser, et mettre en oeuvre les projets qui leur correspondent. »
Amandine slashe entre trois activités : Coach / Ecrivain / Formatrice-Enseignante
Slash n°1 d’Amandine : Coach en Développement Personnel et Professionnel
Amandine a créé sa boîte d’accompagnement et de coaching en développement personnel et professionnel – BeYourBestSelf – autour d’une conviction : développement professionnel et personnel sont liés.
« J’estime que lorsqu’on est épanoui dans son boulot (et quand je dis “boulot”, je parle de son activité professionnelle quelle qu’elle soit), on est mieux avec soi-même, on est mieux avec son entourage, ses collègues, son couple, et donc on est plus aligné avec soi-même.
« A l’inverse, quand on est bien dans son quotidien personnel, quand on connaît ses forces, ses faiblesses, quand on a confiance en soi, quand on s’écoute, évidemment, au travail, on est beaucoup plus performant et épanoui.
Amandine propose deux grand parcours :
- le Parcours « Confiance en Soi », pour apprendre à mieux se connaître, oser passer à l’action, et s’affirmer.
- le Parcours « Réorientation Professionnelle » , pour redéfinir son projet professionnel et le mettre en oeuvre.
Slash n°2 d’Amandine : Ecrivain
Amandine écrit depuis l’enfance. Pendant trois ans, elle a travaillé sur son livre « Le Bonheur à Portée de Plume » qui est à la fois un roman et un ouvrage de développement personnel.
Aspect Roman : il relate les péripéties personnelles, professionnelles, amoureuses, d’un personnage contemporain, qui décide de changer de vie pour réaliser ses rêves, et au travers duquel les lecteurs peuvent se reconnaître.
Aspect Développement Personnel : le roman parle d’une quête de soi et d’un changement de vie, auquel le lecteur est indirectement invité. Il glisse aux lecteurs des clés pour mieux se connaître, identifier leurs rêves et trouver l’impulsion de les réaliser
Ce mix entre roman et développement personnel me fait penser au livre « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une », de Raphaëlle Giordano. Mais, d’après Amandine, le Bonheur à Portée de Plume va plus loin dans l’introspection à laquelle sont invités les lecteurs.
Slash n°3 d’Amandine : Enseignante & Formatrice
Amandine enseigne les bonnes pratiques RH et managériales en Ecole de commerce (Ieseg Business School), et à la faculté de droit de l’Université Catholique : cinq à sept cours de 32 heures par an, selon les années.
Pour elle, l’enseignement est surtout un moyen de sensibiliser cette génération à travailler sur leur potentiel, et à les accompagner dans leur confiance en eux.
Elle fait aussi des conférences pour des adultes, sur des sujets de développement personnel ou professionnel.
Enfin, elle a créé plusieurs MOOCs sur OpenClassrooms.
De salariée à Slasheuse : comment Amandine a-t-elle organisé sa transition ?
Amandine a changé de vie car elle faisait son premier travail pour les mauvaises raisons
Amandine a fait « une belle école comme on les aime beaucoup (trop) en France » (c’est elle qui le dit ;)).
Elle a commencé à travailler comme Responsable RH en entreprise. « Mais je le faisais pour les mauvaises raisons : le statut, les responsabilités, l’image. Bien plus que pour le sens. Alors que ce que je voulais faire en tant que RH c’était accompagner le développement des individus, et pas seulement celui de l’entreprise.
« Je voulais développer le potentiel des salariés et faire du quotidien professionnel une source d’épanouissement. Mais je me suis rendue compte qu’en tant que RH on sert des objectifs opérationnels (« business ») avant de servir le développement personnel des collaborateurs. Ce n’est pas un problème en soi, mais ce n’était simplement pas la façon dont j’avais envie d’exercer mon métier. Ce pourquoi j’ai voulu essayer par un autre biais.
Passer de salariée à slasheuse : un combat contre son besoin de reconnaissance
Amandine a mené un long travail d’introspection, et un vrai combat contre ses peurs et les attentes de ses proches avant de “sauter dans le vide” et de monter sa boîte de coaching.
Pour savoir comment Amandine a dépassé le regard de ses proches, je t’invite à écouter l’interview au format audio :
La stratégie d’Amandine pour passer de salariée à slasheuse
Enseignement : Amandine a commencé l’enseignement (en faculté) en parallèle de son poste de RH : une demi-journée tous les quinze jours. Un peu avant de quitter son entreprise, elle a accepté deux contrats pour le semestre suivant. « Un moyen pour moi de m’obliger à me dire « Bon, il est temps… »». Enfin, en octobre 2017, juste après son départ de l’entreprise, elle a signé deux nouveaux contrats.
Livre : Amandine a envoyé le livre aux éditeurs avant de quitter son entreprise. Elle savait que le temps de réponse des maisons d’édition est conséquent. Il a été publié en juin 2018, soit environ un an plus tard.
Coaching : Amandine a commencé à y réfléchir sérieusement quand elle était en poste, et avait notamment déjà bien affiné son business model et développé certains de ses outils de coaching. Mais elle ne l’a lancé officiellement qu’en novembre 2017, deux mois après avoir quitté son entreprise.
Emploi du temps d’une slasheuse : à quoi ça ressemble ?
Emploi du temps variable selon les périodes
Le temps qu’Amandine passe sur chaque activité varie selon les périodes, et selon les besoins de chacun de ses rôles. A titre d’exemple :
- Dans la phase finale de publication du roman (environ deux mois), cette activité (relecture, finalisation du dossier de presse) représentait 80% de son temps ;
- Dans les phases intenses d’un point de vue des cours (nouveau semestre ou demandes pour prendre de nouveaux modules), le pourcentage va basculer en faveur de l’enseignement ;
- Dans des phases où Amandine a beaucoup de demandes clients en coaching, le pourcentage bascule en faveur du coaching.
Une discipline pour éviter d’étendre ses heures de travail
Au début, Amandine travaillait parfois sur son temps personnel. Elle additionnait les créneaux de travail. Mais ça a changé…
« Je suis en couple et pour moi c’est important de ne pas prendre le prétexte d’être à mon compte pour vivre un rythme de vie complètement décalé et travailler deux fois plus que la moyenne.
Je dis toujours « La vie c’est un marathon, pas un sprint » : c’est important de trouver un rythme qui permet de tenir sur le long-terme et de ne pas s’épuiser.
Amandine a instauré quelques règles pour s’auto-discipliner :
Règle n°1 : Le weekend, c’est sacré
Plutôt faire une grosse semaine que déborder sur le weekend. « Parce que j’estime que pour la créativité, la gestion de l’énergie et son bien-être, un vrai break de deux jours par semaine est vraiment important. »
Règle n°2 : Des journées classiques
Le conjoint d’Amandine part le matin et rentre le soir. « Ca m’aide à cadrer mes journées de travail, en suivant à peu de chose près les siennes. »
Règle n°3 : S’écouter
« J’apprends de plus en plus à m’écouter : je connais de mieux en mieux mon corps et mon énergie depuis que je suis à mon compte. Je sens quand ma concentration est en train de décroître en fin de journée, ou quand je commence à être fatiguée ou plus efficace. »
D’après Amandine, deux raisons expliquent le fait qu’elle s’écoutait moins lorsqu’elle était salariée :
- Besoin de reconnaissance qu’on éprouve quand on est salarié : « Quand on a un boss à qui on a des comptes à rendre, il y a toujours ce côté « vouloir bien faire ». »
- Présentéisme : « On se dit « Je suis fatiguée, j’aimerais rentrer, mais ça la fout mal de rentrer maintenant ». Donc il y a un peu ce regard des autres en entreprise, qu’on a beaucoup moins quand on travaille à son compte. On peut définir nous-mêmes les règles du jeu. Je pense que ça, ça simplifie son rapport à soi. »
Slasheuse : quel modèle économique ?
La majorité des revenus vient du coaching et de l’enseignement
Le modèle économique d’Amandine repose essentiellement sur ses activités de coaching, ses conférences et l’enseignement. Son roman était davantage un rêve d’enfant, et elle ne saura ce qu’elle a gagné qu’un an après sa publication.
« Il faut le dire : aujourd’hui, c’est très rare qu’un auteur se rémunère sur un ouvrage publié. Le pourcentage qu’on touche sur chaque vente est très faible. Donc, tant que je ne sais pas combien je vais gagner, c’est quelque chose que j’ai complètement écarté de mon business model. »
Les revenus provenant des autres activités sont variables : pendant certaines périodes, ce sont les conférences et l’enseignement qui rapportent le plus, et parfois c’est le coaching.
Certaines périodes sont aussi des creux financiers, notamment quand elle travaille sur un projet de développement commercial ou un nouveau concept à lancer, qui lui laissent moins de temps pour le reste. « C’est quelque chose qu’il faut accepter, pour pouvoir travailler à du développement et non seulement à de la production. »
Coaching : la majorité des revenus vient du B2B (entreprise)
Amandine coache à la fois des particuliers et des salariés en entreprise. La majorité des revenus pour cette catégorie provient des clients « entreprise », qui ont un budget plus élevé que des particuliers.
Avantages du Slash : le point de vue d’Amandine
LA LIBERTE.
« Choisir mes clients, mes missions, proposer une offre qui me correspond, à mon image, et en adéquation avec mes valeurs.
« Choisir son emploi du temps :
- écouter davantage son rythme biologique ;
- me dire « si je ne suis pas productive ce jour-là » , prendre du temps pour moi et rattraper sur le jour d’après ;
- personne à qui demander quand je dois poser mes vacances.
Je peux m’écouter, dans la limite des demandes de mes clients et des périodes de charge. Il y a des périodes très chargées, c’est sûr. Pour autant, c’est un mode de travail bien plus flexible. »
Difficultés du Slash : le point de vue d’Amandine
Ne pas se laisser engloutir
Ne pas se laisser engloutir par la charge de boulot générée par le fait d’avoir plusieurs activités, et par le fait d’être passionné par ce qu’on fait.
Multitasking
Comme on mène plusieurs activités de front, certaines empiètent sur les autres.
« Pour donner une idée, il y a des fois où je bosse sur la préparation d’un coaching et là, paf, je suis appelée pour préparer une conférence qui va venir. Dans la foulée je reçois un mail d’une étudiante. En parallèle je dois faire ma comptabilité. Puis j’ai un rendez-vous commercial avec un futur client… »
« Si on n’est pas hyper organisé, les journées peuvent être fractionnées, morcelées en plein de mini actions qui nous empêchent de nous pencher sur les sujets de fond. Même après un an, c’est encore un sujet que je trouve difficile. »
Mieux vivre sa vie de Slasheuse : ce qu’Amandine a mis en place
Bloquer des créneaux le matin pour les sujets de fond
« Je sais que je suis beaucoup plus productive sur les sujets de fond le matin. Donc quand j’ai des contenus à faire, je me bloque des plages le matin. Et pendant ces plages, je coupe mon téléphone, je coupe mes emails, je coupe mes notifications sur mes pages professionnelles Facebook, Linkedin, et je suis vraiment à 100% là-dessus. »
Bloquer une plage l’après-midi pour traiter les urgences
« L’après-midi, je bloque une plage pour traiter les urgences et les emails qui sont tombés. Elle dure une heure. Si finalement il n’y a pas eu d’urgence, j’en profite pour faire autre chose. Mais je sais que j’ai un temps “tampon” en fin de journée qui me permet de ne pas avoir à sacrifier ma soirée parce qu’il y a un truc que je n’avais pas prévu qui est tombé. »
Dédier des plages dans la semaine pour des sujets particuliers
Amandine dédie certaines plages à certaines tâches récurrentes :
Vendredi en fin de journée : administratif
Lundi après-midi : community management et prospection commerciale
Rester flexible
Malgré toutes ces plages dédiées, Amandine reste flexible et fait évoluer son organisation. « Parce que, des fois, il y a une activité qui est moins prenante, moins nourrissante, ou on est moins sollicité sur celle-là que sur les autres.«
Epanouissement au travail : les critères d’Amandine
Amandine donne une note de 8,5/10 à son épanouissement au travail.
Ce qui la rend épanouie
Ce qui la rend épanouie | Comment elle l’obtient |
Etre challengée intellectuellement, être « nourrie » , apprendre. | Elle doit continuellement se former pour pouvoir former à son tour : lire, apprendre, étudier tout un tas de sujets pour offrir à ses clients les conseils adéquats. |
Relationnel | Grâce aux formations et au contact avec les étudiants et ses clients. |
Autonomie et liberté (définir les règles du jeu) | Grâce au fait d’être indépendante. |
Ce qui lui manque pour être encore plus épanouie
Un bureau pour décloisonner la vie professionnelle de la vie personnelle
Ce qui lui manque pour être à 10/10 : avoir un bureau à elle pour se sentir bien au quotidien avec mon espace de travail dédié.
« Aujourd’hui je travaille depuis chez moi, chez mes clients, à la fac, dans des espaces de coworking. Chez moi, c’est plus difficile de déconnecter. Je dîne avec les copains sur la même table où j’ai préparé ma proposition commerciale. »
Avoir son bureau, c’est donc l’un de ses objectifs à court ou moyen terme.
Sécurité financière et contractuelle
Les revenus sont variables selon les mois. « Même si ça se rééquilibre sur long terme, le côté irrégularité est encore un petit peu difficile. »
Le conseil d’Amandine à ceux qui veulent devenir Slasheurs/Slasheuses
Conseil n°1 : Se détacher des exigences de la société
« On a le droit de ne pas être dans le moule, de ne pas être conforme, d’avoir envie de faire plusieurs activités/métiers. Il ne faut pas avoir peur de sortir du cadre pour se sentir créatif, épanoui. Il faut se détacher de ce qu’on pense être les exigences de la société. C’est à toi de créer ton moule, ton cadre, tes envies. »
Conseil n°2 : Ne pas avoir peur de vivre ses passions
« Il ne faut pas avoir peur de vivre ses passions et ses rêves car ce qu’on fait le mieux dans la vie c’est très souvent ce qu’on aime le plus et ce qui nous anime. C’est là qu’on a la plus grande valeur ajoutée. Si tu fais ce que tu aimes, tu trouveras toujours le moyen d’en vivre, de trouver clients et de mettre en place business model qui tient la route. »
Conseil n°3 : Oser expérimenter le slash
« Il peut y avoir des choses difficiles dans le slash, comme le manque de sécurité. Mais si tu sens que tu es multipotentiel(le), expérimente. Dans le pire des cas, si ça ne marche pas, tu auras toujours moyen de revenir dans le moule. Il n’y a pas d’échec, que des occasions d’apprendre. »
Deux ressources conseillées par Amandine pour les Slasheurs en devenir
TED Emily Wapnick
Livre Wake Up Christine Lewicki
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Et si tu devenais Slasheur / Slasheuse ?
Le témoignage d’Amandine t’inspire ? Tu penses que ce mode de travail est fait pour toi mais tu ne sais pas comment t’y prendre ?
La principale chose à déterminer est « Quelles activités aimerais-tu mettre en place en même temps ? ». Je t’invite à découvrir ma formation Trouver Sa Voie, qui te guide dans cette réflexion.
Et si tu sais déjà que le métier de Coach t’intéresse, mais que tu ne te vois pas passer par une école de coaching, je t’invite à découvrir mon programme « Coach Non Certifié » 👇
3 réflexions au sujet de « Slasheuse | Témoignage d’Amandine Ruas : Coach / Ecrivain / Formatrice-Enseignante »
Merci pour cette excellente interview 🙂 ce serait bien d’avoir des témoignages de personnes qui choisissent ces nouveaux modes de travail dans le cadre d’une reconversion professionnelle après une longue carrière (> 15 ans) pour vivre en adéquation avec leurs valeurs etc
Bonjour Yasmine,
Merci pour ton commentaire.
Si je rencontre une telle personne, je ne manquerai pas de lui proposer une interview 😉