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Co-fonder une Entreprise pour devenir Digital Nomad | Interview de Damien Bry

A 24 ans, Damien Bry rêvait d’une vie de nomade digital. Je l’ai interviewé en 2017, alors qu’il planifiait de partir vivre une vie de nomade. Un an plus tard, je l’ai recontacté pour savoir où il en était. Il se trouve qu’après ce test de nomade, il a décidé de revenir un an à Nantes, pour mieux repartir ensuite. Je trouve que Damien apporte un super témoignage de ce par quoi on peut passer pour réussir à mettre en place une vie de nomade digital.

[Début de l’interview]

Qu’est-ce qui t’a motivé à devenir digital nomad ?

Damien a fait ses études à l’UTC, une Ecole d’ingénieur à Compiègne, pour devenir Développeur Web. En 2015, il part six mois en Erasmus en Suède et c’est le point de départ de sa motivation à devenir digital nomad.

“Ca a changé ma façon de voir les choses. Ca m’a donné le goût du voyage. J’ai beaucoup voyagé en Europe et j’ai appris à kiffer ça. Je suis plus créatif en voyage : mon cerveau fait des connexions que je n’aurais jamais faites avant. C’est quand je sors de mon quotidien que je pense à des trucs hyper cools.”, m’explique Damien.

Après son stage de fin d‘études dans une startup, il y est embauché en CDI. Huit mois plus tard, il décide de quitter cette entreprise pour plus de liberté.

“Ca faisait un an. Je ressentais un ras-le-bol général de la boîte. Il y avait plein de choses qui m’énervaient, notamment le manque de liberté. Et je m’ennuie très vite donc j’ai besoin de bouger de lieu, de rencontrer des personnes. J’avais l’impression de ne pas avancer dans ma vie. Ce qui me motive c’est de créer mes projets et les voir grandir. Je perds ma flamme intérieure lorsque j’échange mon temps contre de l’argent. Je suis parti mi-mai 2017. En parallèle, je m’étais mis autoentrepreneur et j’avais trouvé des missions.Le freelance est également une forme de salariat, cela me sert de transition et ce n’est pas une fin en soi. L’objectif est de créer des projets qui puissent scaler, pour que la courbe revenus / énergie humaine ne soit pas linéaire 😉

Damien me précise que cette réflexion, limpide aujourd’hui, ne l’est que depuis quelques mois. A l’époque, il sentait que quelque chose n’allait pas mais n’arrivait pas à structurer sa pensée aussi bien qu’aujourd’hui.

A la même époque, Damien s’imprègne de l’état d’esprit de ce mode de vie qui le fait rêver.

“Ca fait quelques mois que je lis des articles Medium qui parlent de développement personnel, de remote, de voyage…Le livre ”La semaine de 4 heures” a changé ma vie, et j’ai rencontré des gens inspirants qui m’ont donné envie.”

Pourquoi t’es-tu dit que le nomadisme digital était fait pour toi ?

“Je me suis rendu compte que je n’étais pas un matérialiste. Je peux donner ou vendre sans problème. J’ai réalisé que ça t’encombre l’esprit d’avoir une voiture, etc. Mon désir est de revenir à une vie plus simple et de dégager tout ce qui ne me sert pas. Quand je pars en vacances, j’essaye de prendre le minimum possible. Juste un sac à dos avec ce qui est important pour moi. J’aime bien avoir quelques objets de qualité, qui servent de plusieurs manières possibles.

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Je suis en train de lire un livre sur l’essentialisme (se concentrer sur ce qui est important). J’ai coupé toutes les notifications (Facebook, Twitter) sur mon téléphone, pour ne pas être interrompu quand j’ai des relations sociales avec les gens. Et je regarde mes mails une fois par jour. C’est suffisant. On n’a pas besoin de les regarder toutes les trente minutes.

J’ai plein de passions à côté du boulot : guitare, batterie, montage vidéo…A un moment j’ai dû dire stop à ces trucs là car je n’avais pas le temps de me concentrer sur tout. Le burn-out arrive vite. Je me suis rendu compte que me concentrer sur une activité trop longtemps me fait du mal. Je suis fait pour multiplier les activités. J’avais, je pense, besoin de trouver mon axe de pertinence en me concentrant sur une seule chose.

Aujourd’hui, je ressens le besoin de devenir digital nomad. Peut-être que je ne vais pas aimer. Peut-être que dans cinq ou dix ans je vais revenir me ranger. Mais aujourd’hui je peux le faire, alors je vais le faire, et on verra où ça mène.”

Quand j’ai recontacté Damien pour mettre à jour son interview, il a ajouté :

“Je me rends compte aujourd’hui que ma pertinence est ailleurs. Elle réside principalement dans la créativité. Et c’est justement en multipliant les activités, lieux, personnes que je la cultive ! Le nomadisme digital n’est pas mon objectif final. C’est un support pour nourrir ma vie ;)”

Damien a écrit un article (en anglais) pour expliquer cette réflexion [ndlr : entre temps, le site de Damien a été mis hors ligne donc le lien n’est plus accessible]

Y avait-il des freins à devenir digital nomad pour toi ?

“En étant investi dans une relation amoureuse, cela peut être compliqué de partir. C’est la seule chose qui pourrait m’empêcher de décoller. L’idéal est d’avoir un partenaire avec qui tu peux partir.”

Plus tard, Damien ajoute :

“Travailler seul ou avoir une équipe avec qui on peut travailler sereinement à distance. A la tête d’une entreprise, il est important de construire une culture solide avant de songer à partir.”

A quel type de nomadisme digital aspires-tu ?

“Je veux retrouver de la spontanéité dans la vie. Pouvoir me dire “Ce soir, je vais là. Demain, je suis des personnes que j’ai rencontrées la veille…”.

Je veux plus de liberté. Juste un sac à dos, mon Mac, et partir. Être complètement libre.

Ca peut être changer de ville, faire un roadtrip. J’aimerais aller crécher chez des potes, voir des amis que je ne peux jamais voir (exemple : mes potes à Lyon). Passer de temps en temps à Nantes voir mes associés. Mais je n’ai rien défini. Je n’ai pas de destination de prévue en soit mais ce qui m’importe c’est de bouger, d’aller où je veux. J’aimerais bien aller Thaïlande. Il y a plein de trucs que j’aimerais voir mais on verra. Peut-être aussi partir sur coup de tête si je vois un trajet “cheap”.”

Co-fonder une entreprise pour devenir digital nomad

“Pendant que j’étais encore salarié, je suis devenu mentor pour le projet MentorLéo. Je donnais des cours de développement web à des gens et j’écrivais des articles Medium. C’est grâce à ça que j’ai rencontré mes associés (l’un d’eux s’est inscrit à la communauté MentorLéo en tant qu’élève). L’un d’eux m’a dit qu’il avait besoin d’un développeur pour estimer la charge du projet en termes de coût et d’heures, pour pouvoir aller présenter le projet aux banques et obtenir des fonds.

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Quand il m’a parlé du projet, j’ai trouvé ça cool. Je me suis projeté avec eux. J’ai rencontré l’autre co-fondatrice. Eux sont d’anciens étudiants d’Ecole de Communication. Ils avaient arrêté l’école pour monter leur boîte de noeud papillon pour chaussures. Maintenant, ils font du community management pour les TPE et PME qui ne savent pas faire.

Le coup de coeur, je ne l’ai pas eu sur le projet mais sur l’équipe. On partageait des valeurs entrepreneuriales et personnelles : pas de prise de tête, lancer des projets funs et motivants, progresser ensemble, casser les codes existants en apportant notre personnalité. Fun fact : Je porte souvent une casquette, même dans des contextes pros (networkings, etc). On m’a souvent reproché que ça ne passait pas avec certains patrons. Je réponds : « Tant mieux, cela veut dire que je ne veux pas faire de business avec eux. » Le moteur d’Elyios est la créativité. Si on a pas la vision forte d’imposer notre personnalité, on ne pourra jamais oser aller sur des chemins que personne n’a emprunté !

Les deux associés voulaient aussi se développer organiquement (sans faire rentrer d’investisseurs dans la boîte), pour pouvoir avoir un style de vie hyper libre. Ils ne cherchaient pas à devenir multi-milliardaires.”

Et c’est comme ça que Damien est devenu CTO co-fondateur d’Elyios, une agence spécialisée en réseaux sociaux (fermée aujourd’hui).

“Maintenant que je monte ma propre solution technique, niveau liberté, je suis servi.”

Comment as-tu mis en place ta vie de digital nomad ?

“De juin à septembre 2017, j’ai travaillé en remote depuis mon appartement à Nantes. Je ne suis pas trop “cafés”. J’ai eu de mauvaises expériences avec Internet dans les cafés, donc je préfère assurer depuis un endroit où je sais qu’il y a du Wifi. J’aime bosser depuis là où je crèche. Je voyais mes associés une ou deux fois par semaine. On bossait les uns chez les autres quand on était ensemble. Mais on n’avait pas besoin de se voir tous les jours. Les deux autres ne se voyaient pas tout le temps non plus. Ils étaient ouverts au travail en remote. On se fait confiance. On estime qu’on travaillera mieux dans de bonnes conditions. On n’hésite pas à modifier nos horaires pour optimiser notre efficacité. On estime qu’il vaut mieux prendre le temps de se reposer et travailler quelques heures efficacement, plutôt qu’une journée entière sans énergie.

A la base, on avait prévu de se verser nos premiers salaires en septembre. Je vivais donc sur mes économies. Je continuais de faire quelques missions à côté en autoentrepreneur pour m’assurer de retomber sur mes pattes si on ne faisait pas assez.

J’ai commencé à bouger un peu (au moment de l’interview, j’étais à Orléans) donc c’était pas mal. Je m’étais mis une deadline : je m’imposais que mon sac à dos soit prêt pour partir en septembre. C’est passé par jeter plein de trucs, vendre une grande partie de mes affaires, mettre tous mes documents papier sur un Cloud (Evernote). Je kiffais lire des articles qui expliquaient comment éliminer le superflu, comment préparer une rando pour être sûr de tout avoir…

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De septembre à avril 2017, j’ai volontairement quitté mon logement à Nantes. Je voyageais avec mon sac à dos (en France et à l’étranger) et je travaillais en remote. Je me suis rendu compte que je n’avais pas encore la liberté financière pour avoir ce style de vie éternellement, et je voulais me rapprocher de mon équipe pour bâtir une boîte avec une image solide. J’ai donc décidé de revenir m’installer à Nantes. Je me donne une année pour renforcer mon entreprise, et bâtir de nouveaux produits et services. Je veux automatiser au maximum ces nouveaux projets pour qu’ils tournent avec un minimum d’énergie humaine. A l’issue de cette année, l’objectif est d’avoir assez de revenu mensuel récurrent pour switcher de lifestyle. J’ai l’intention d’aménager un van pour voyager perpétuellement & y travailler en remote full time.”

Damien a créé un site pour ce projet, avec pour slogan :

« I’m a minimalist entrepreneur. On a one year goal to run high-value businesses remotely »

Selon toi, quelles sont les choses à faire pour une bonne transition entre un job “classique” et une vie de digital nomad ?

“Je suis développeur web donc je peux trouver un job quand je veux. C’est un gros confort. Je me permets de prendre des risques. Mais il faut faire attention quand on a un métier où le travail est difficile à trouver. Il vaut mieux faire un peu d’autoentrepreneuriat à côté. C’est une bonne tactique pour apprendre à bosser en remote, à se débrouiller, à avoir quelques économies pour pouvoir faire un test.

C’est aussi parce que j’ai posé ma démission que j’ai pu commencer ce projet. Il faut se construire un bon réseau pour trouver des opportunités assez facilement. En cherchant ou parce que ça vient à toi. A la base je suis parti en me disant que je passerais du temps sur mes side projects. J’avais besoin de créer des choses. Et au milieu j’ai eu cette opportunité de rejoindre Elyios.”

Quelles ressources recommandes-tu à des Digital Nomads en devenir ?

Slack : niveau communication, c’est un des meilleurs outils pour parler avec des personnes en pro ou perso. Tu peux avoir accès à plusieurs communautés de travailleurs remote : Remotive, Nomadlist…

Le livreLa semaine de 4 heures” de Tim Ferriss : C’est inspirant la façon dont il parle, son parcours…Il y a de la prise de risque, de la volonté de bosser moins mais plus efficacement, de vivre plus les choses dont on a envie. Ca donne envie de le faire.

Le TED Talk “Plug into your hard-wired happiness

[Fin de l’interview]

Ce que j’adore dans le témoignage de Damien, c’est la persévérance dont il fait preuve pour parvenir à ses fins. Il a fait un premier test pour devenir digital nomad. Il s’est rendu compte que les revenus étaient insuffisants, et a donc décidé de prendre un an pour renforcer les bases de son entreprise et dégager des revenus mensuels récurrents. Sans perdre de vue son objectif de devenir digital nomad. Je salue cette ténacité !

Et toi, qu’est-ce qui te plaît dans le témoignage de Damien ? Ecris-le en commentaire de l’article 🙂

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