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Comment Dépasser la Pression Sociale ?

Cette semaine, j’ai eu un échange email avec une des lectrices du blog. Elle m’a fait part d’une difficulté qu’elle rencontre pour choisir une voie professionnelle épanouissante : elle a été élevée dans un environnement qu’elle appelle « élitiste ». Environnement dans lequel on a l’idée qu’il existe une certaine hiérarchie sociale, que certains métiers sont plus valorisants que d’autres.

Elle sait, théoriquement, que son bonheur est plus important que ce concept de hiérarchie sociale. Mais, dans la pratique, cette idée lui reste dans la tête et elle a du mal à s’en détacher pour prendre des décisions. Elle a tendance à prendre ce critère en compte pour choisir sa vie professionnelle.

Dans cet article, on va donc parler de cette pression sociale, du regard des autres, et, surtout, de comment dépasser ça pour se créer une vie professionnelle épanouissante.

Cet article est disponible au format audio sur le podcast, clique sur « play » ci-dessous pour l’écouter :

 

D’où vient la pression sociale ?

D’où vient cette pression sociale ? Pourquoi existe-t-elle et perdure-t-elle de génération en génération ?

Pour comprendre d’où vient la pression sociale, il faut comprendre par qui elle est exercée, pour comprendre les motivations qu’il y a derrière. Elle vient de 6 sources :

  1. Nos parents
  2. D’autres personnes de la famille
  3. Les médias
  4. Les profs, conseillers d’orientation, établissements scolaires
  5. Les entreprises
  6. Le dernier : je le garde secret car il va te surprendre

Chacune de ces sources a ses propres raisons d’entretenir la pression sociale :

Source de pression sociale #1 : Nos parents

Nos parents veulent le mieux pour nous et nous savoir en sécurité. Leurs intentions sont a priori bonnes quand ils nous poussent à choisir des voies professionnelles d’élite. C’est parce qu’ils se disent qu’en faisant ça, on aura la sécurité d’un CDI, qu’on pourra monter les échelons et avoir la sécurité financière. Avec tout ça, on devrait bien vivre et ne pas finir à la rue.

Je vais te donner mon exemple personnel. Mon père est né pendant la deuxième guerre mondiale. Quand il était petit, il avait faim, parce que la famille n’avait pas beaucoup d’argent pour acheter de la nourriture. Plus tard, dans sa vie professionnelle, il a connu différentes situations. Il a été employé mais aussi artisan à son compte. Il a connu les difficultés du fait d’être à son compte donc quand il est retourné en CDI en entreprise, ça lui a apporté une certaine sécurité. Du fait de cette histoire, je comprends que mon père m’ait incitée à trouver un CDI, à avoir un poste bien placé, pour pouvoir avoir une certaine sécurité, et potentiellement une meilleure retraite que lui.

Si tes parents font partie des gens qui te mettent une certaine pression, ou disons, t’incitent à aller vers telle ou telle voie, essaye d’en apprendre plus sur leur histoire : pourquoi sont-ils si attachés à ce que tu réussisses ?

Source de pression sociale #2 : d’autres personnes de la famille

Les parents sont un cas particuliers car ils ont la mission de nous élever et nous aider à survivre dans ce monde. Mais parfois, d’autres membres de la famille aussi nous parlent de notre orientation et essayent de nous donner des conseils. Quelle est leur motivation à eux ? Ca dépend de qui il s’agit. Certains vivent par procuration : ils aimeraient nous voir accomplir quelque chose qu’eux-mêmes n’ont pas pu accomplir, nous voir aller plus loin qu’eux, pour qu’ils puissent être fiers de ça. Ca vaut pour les grands-parents, mais aussi des cousins et cousines, oncles et tantes, frères et soeurs plus âgés, qui ont choisi une voie différente et sont curieux de voir quelqu’un de la famille réussir dans cette voie-là.

Par exemple, quand j’étais au lycée, ma grand-mère me disait « Il faut que tu fasses Polytechnique, c’est la meilleure de toutes les écoles ». Elle, avait été technicienne de surface toute sa vie. Je pense qu’elle a vu un certain potentiel en moi de faire quelque chose qu’elle trouvait grandiose mais n’avait pas pu faire elle-même.

Source de pression sociale #3 : les médias

Pour obtenir de l’audience, les médias ont besoin de choisir des sujets qui vont provoquer des émotions, des réactions. Pour eux, ça va plus marcher de dire « Qui sont ces étudiants de l’élite : un jour dans la vie d’un étudiant d’HEC », en introduisant du mystère, voire une espèce de mysticisme autour du phénomène des « classes élites ». S’ils disaient « On part à la rencontre des étudiants d’une école de commerce », on se dirait « Ouai, bof, et alors ? ». Mais de placer les étudiants d’HEC comme des personnes particulières, qui ont accompli quelque chose de particulier, c’est beaucoup plus sensationnel, on a envie de connaître l’histoire.

Source de pression sociale #4 : l’Etat

L’Etat a intérêt à former des génies, pour pouvoir concurrencer d’autres pays dans des domaines techniques, et pour que les entreprises gagnent plus d’argent et augmentent le PIB du pays, ce qui renforce l’image de puissance du pays. L’Etat a intérêt à valoriser l’élite pour leur donner envie de continuer et d’aller plus loin. Tout ça peut se ressentir ou s’entendre dans des discours. Bon, après, ça dépend probablement du parti politique du Président.

Source de pression sociale #5 : les professionnels de l’éducation et de l’orientation

Quand un professeur voit un bon élève, il a envie de l’aider à aller le plus loin possible. Parce que ça fait partie de sa mission, et ça peut lui apporter une petite fierté personnelle d’avoir contribué à élever cette personne.

Les conseillers d’orientation, à mon sens, sont le reflet du fonctionnement global : s’ils voient un bon élève, ils l’envoient dans les classes élites, parce que c’est ça qu’on fait. Je me rappelle la première fois que j’ai défié ce système. J’étais en troisième donc je suis allée voir la conseillère d’orientation avec ma mère, pour savoir quelle filière je devrais choisir au lycée. J’avais de bonnes notes à peu près partout, donc elle m’a dit « Ah mais vous, il faut que vous fassiez S ». J’étais surprise, j’ai demandé pourquoi. Elle m’a expliqué que le Bac S était la meilleure filière car c’est celle qui apportait les meilleurs débouchés derrière. En sortant, j’ai dit à ma mère que moi je voulais faire la filière ES, parce que je n’étais pas fan de toutes les matières scientifiques, je préférais rester sur quelque chose de plus généraliste où je me sentais plus à l’aise.

Ensuite, il y a aussi les établissements scolaires. Eux ont intérêt à nous voir réussir pour augmenter leur popularité et continuer d’avoir des étudiants qui s’inscrivent chaque année, pour pouvoir continuer d’exister. C’est d’autant plus typique dans les établissements privés, comme les Ecoles Supérieures de Commerce, qui ont des partenariats avec de grandes entreprises, qui viennent chercher leurs futurs salariés dans les écoles. En soit, tout le monde s’y retrouve : les étudiants ont plus facilement des stages et des jobs car ils bénéficient de la renommée de l’école et du partenariat, les entreprises ont des candidats de qualité, et l’école se fait financer par les étudiants et les entreprises. Mais c’est un peu biaisé car l’école incite à rejoindre certains types d’entreprises, et favorise moins d’autres voies, comme l’entrepreneuriat.

Source de pression sociale #6 : les entreprises

Ca fait le lien avec la sixième source de pression : les entreprises. Quand elles recrutent, avoir un certain diplôme est un critère de recrutement. Et parfois même avoir uniquement le diplôme des 3 premières grandes écoles. Pour avoir un job dans une bonne entreprise, une entreprise renommée, il faut donc avoir le diplôme qui permet d’y accéder.

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Source de pression sociale #7 : nous-mêmes

Enfin, la dernière source de pression, que j’ai gardée secrète est…nous-mêmes. Et là tu dois être surpris(e) et te dire « En quoi est-ce que je suis moi-même une source de la pression que je ressens de la part de l’extérieur ? ». Eh bien, à cause de toutes les autres sources de pression précédentes, je crois que l’on intériorise le concept d’échelle sociale, l’idée que l’on doit absolument obtenir un diplôme, tel diplôme, le meilleur diplôme.

Si ce concept nous paraissait absolument inacceptable, on le rejetterait violemment. Mais on ne le rejette pas, car quelque part, on y croit. Et on y croit parce qu’on évolue avec tout ce que l’on nous dit : nos parents, notre tonton ou notre grand-mère, nos profs, les médias, etc. Donc, à force que l’on nous parle de certaines idées de la réussite, on apprend à y croire nous-mêmes, et on vit avec.

Exercice : Avant de passer à la suite, je te propose de te poser les questions suivantes : de qui ressens-tu de la pression sociale ? Sous quelle forme ? Que te disent ou t’ont dit ces personnes ? Que ressens-tu quand ils te disent ça ? A ton avis, pourquoi ressens-tu ça ?

N’hésite pas à arrêter ta lecture et à prendre quelques minutes pour répondre aux questions (par écrit de préférence, ça aide le cerveau à réfléchir).

Comment Dépasser la Pression Sociale ?

Aujourd’hui, j’aimerais t’aider à dépasser ça. Fonctionner en fonction de tes vrais besoins, et pas en fonction du regard des autres et de la pression sociale. Car c’est un des freins principaux qui nous empêche d’être épanoui au travail.

Pourquoi n’arrive-t-on pas à se détacher de la pression sociale : 4 raisons

La question qu’on peut se poser est : pourquoi est-ce que c’est si difficile pour nous de nous détacher de cette pression sociale, de prendre des décisions sans la prendre en compte ?

Pourquoi, alors qu’on sent que le fonctionnement ne nous va plus, qu’on est conscient que l’on est influencé par ce concept de la hiérarchie sociale et cette idée qu’il y a des métiers qui sont meilleurs que d’autres, pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à prendre des décisions autrement que sous l’influence de ce concept ?

Avant que je te donne la réponse selon moi, je te propose de te poser la question suivante : selon toi, pourquoi prends-tu des décisions qui suivent la pression que tu reçois ?

N’hésite pas à reprendre quelques minutes pour répondre à la question car tu apprendras plus en te posant la question toi-même qu’en lisant ma réponse.

Maintenant, voici MON avis sur la question. Ce que je vais dire n’est que de la théorie. Je ne le tire pas de livres ou articles que j’aurais lus mais d’un certain vécu et de mon impression, en essayant d’imaginer pourquoi on réagit comme ça. Si tu as une expérience différente de ce que je vais dire, j’aimerais beaucoup l’entendre. Tu peux me la partager en commentaires.

A mon sens, il y a 4 raisons pour lesquelles on prend des décisions en fonction de la pression sociale plutôt que de notre épanouissement personnel :

1) On n’est pas assez convaincu soi-même

Si on n’est pas sûr de soi, on peut vite se faire déstabiliser par quelqu’un. Si on ne trouve pas de justification, de bonne raison à notre décision ou notre envie, on peut se dire que l’autre personne a raison, que ce n’est pas une bonne idée, et abandonner sa décision.

Pour moi, la solution ici est de ne pas abandonner tout de suite. Car parfois la réponse met du temps à arriver. Mais si on a pris une décision qui nous paraissait juste à un moment, on avait probablement raison, on était peut-être sur la voie de l’épanouissement personnel.

2) On ne se connaît pas, donc on se rattache à d’autres critères que ceux de notre épanouissement

Je crois que, si on ne connaît pas bien ses besoins pour sa vie professionnelle, on peut avoir tendance à se raccrocher aux mauvais critères, les seuls qu’on connaît.

Quand on nous apprend à chercher un emploi, on nous apprend à juger les critères suivants :

  • Le niveau de salaire ;
  • Le niveau de responsabilités ;
  • La renommée de l’entreprise ;
  • Le fait que le poste utilise les compétences que l’on a développées ;

Mais tout le monde n’a pas les mêmes envies ou besoins de salaire, les mêmes envies de responsabilité, n’a pas forcément comme désir profond de travailler dans une grande entreprise. Et on a pu se tromper sur les compétences qu’on a développées, ou les avoir développées par hasard, parce qu’on ne savait pas quoi faire d’autre.

Ces critères sont trop standardisés pour nous correspondre en tant que personne unique. Les seuls critères qui peuvent contribuer à notre épanouissement sont ceux que l’on a su apprendre à déceler.

Mais si on ne travaille pas à les déceler, à savoir de quoi on a besoin, alors on n’a pas d’autre choix que de se raccrocher aux critères des autres.

3) On cherche de la reconnaissance et la validation des autres

Quand on est enfant et qu’on fait un dessin, on est super contents si nos parents nous disent que le dessin est magnifique. Ca renforce notre estime de nous. Si on ne nous dit pas assez de ces choses quand on est enfant, on peut avoir un déficit d’estime de soi.

Moins on a d’estime de soi, plus on cherche la validation des autres. C’est-à-dire qu’on aura du mal à faire quelque chose si les gens qui sont importants pour nous ne nous soutiennent pas. Par peur qu’ils ne nous soutiennent pas, on peut donc avoir tendance à faire les choses qu’on sait qu’ils approuveront.

Moins on a d’estime de soi, plus on cherche la reconnaissance des autres. C’est-à-dire qu’on fait des choses dans l’espoir de recevoir de l’attention, des compliments, des « merci » ou des « bravos ».

Dans ces deux cas, au lieu de faire les choses pour soi-même, on les fait pour les autres.

Dans cette situation, c’est difficile de changer de posture, ça ne se fait pas du jour au lendemain. A mon sens, ce qui aide, c’est d’apprendre à se connaître, car ça aide à devenir convaincu de la bonne chose à faire pour soi (pas pour les autres).

4) On est formaté pour faire ce que l’on doit faire plutôt que ce que l’on veut faire

Depuis qu’on est petits, on suit un schéma où ce sont les adultes qui nous disent quoi faire, et nous on doit suivre ça. On nous fait aller à l’école, on nous impose les matières à étudier, qu’elles nous intéressent ou non, on nous guide et influence sur les orientations et voies professionnelles à prendre. Les moments où on nous propose de faire de l’introspection, de réfléchir à ce qu’on aime, ce dont on a besoin, à analyser une expérience de notre vie sont très rares. On a donc pris l’habitude que d’autres nous disent quoi faire, et qu’on doive faire ce que les autres nous disent. On n’a pas pris l’habitude de se questionner sur ce qu’on a envie de faire réellement, sur ce qui nous anime sincèrement.

Ici aussi, à mon sens, la solution est d’apprendre à se questionner sur soi-même, pour apprendre à connaître ses envies, et pouvoir les intégrer dans sa vie.

Les 5 états d’esprit qui m’ont aidée à dépasser la pression sociale

Pour aller plus loin, j’aimerais te raconter comment moi, j’ai dépassé ça pour faire ce qui me plaisait vraiment. En lisant ça, tu dois peut-être t’imaginer que j’ai fait preuve de beaucoup de courage pour affronter mes parents, les conseillers d’orientation, et toutes les autres personnes, d’oser vivre selon mes principes en me désengageant du système dans lequel j’avais évolué. Il y a un peu de vrai là-dedans, mais je crois que la vraie histoire est beaucoup plus terre-à-terre et pragmatique. Pas vraiment une héroïne sortie du commun des mortels un beau jour.

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Il y a 5 choses qui m’ont aidée à dépasser la pression sociale et le regard des personnes qui attendaient un bel avenir pour moi.

1) Prouver que j’en suis capable

Au début, j’ai quand même pas mal suivi les orientations d’élite et les belles choses qu’on attendait de moi : j’ai eu mon Bac avec mention Très Bien, je suis allée en classe préparatoire, j’ai intégré la 6ème Ecole Supérieure de Commerce de France, en étant classée 91ème sur 4000. A l’issue de mon école, j’ai été embauchée en CDI, et avec un bon salaire par rapport aux autres jeunes diplômés en startup.

Toutes ces choses-là, je ne les ai pas faites que parce que c’était ce qu’on attendait de moi. D’ailleurs, je n’ai jamais vraiment ressenti de pression de la part de l’extérieur. Parce que j’ai toujours été une bonne élève et que réussir fait partie de ce qui a construit mon estime de moi. Donc, pour moi, c’était normal d’aller chercher ces choses-là, d’essayer d’exceller. Et, quelque part, j’avais envie de prouver que j’en étais capable.

Ce n’est qu’une fois que je suis arrivée au bout du processus (avoir un CDI bien payé), que j’ai considéré que j’avais accompli toute ma check-list et me suis autorisée à aller vers autre chose.

2) Penser “horizontal” plutôt que “vertical”

J’en viens au deuxième état d’esprit qui m’a permis de dépasser la pression sociale. Quand je suis arrivée au bout du processus (avoir un CDI bien payé), j’ai commencé à me concentrer sur d’autres choses. Quand on entre sur le marché du travail, on n’a plus ce chemin tout tracé où on passe chaque année à la classe supérieure, avec la meilleure moyenne possible. Si on est dans une grande boîte, on peut essayer de monter les échelons. Mais moi j’étais dans une startup, donc mon évolution possible était plus limitée : je pouvais monter un peu en responsabilités, mais pas des masses. Donc, au lieu de penser « vertical », c’est-à-dire « je monte les échelons », j’ai commencé à penser «  horizontal », à savoir « comment je peux me développer personnellement dans ce contexte, en développant mes compétences, en faisant des projets qui m’intéressent, etc ».

3) Toujours faire en sorte d’apprécier le chemin

La troisième raison pour laquelle j’ai pu dépasser la pression sociale, c’est que j’ai toujours agi de façon à apprécier le chemin.

Tout à l’heure, je racontais comment j’ai défié le conseil de la conseillère d’orientation, en choisissant d’aller en filière Economique et Social plutôt que Scientifique. Ce choix était une double tactique :

  • D’un côté, je savais que j’étais meilleure dans les matières de cette filière que dans les matières scientifiques. Je savais donc que j’avais plus de chances d’avoir de bonnes notes en ES qu’en S. Et je voulais garder de bonnes notes, à la fois pour mon estime personnelle, et pour avoir un meilleur dossier en sortant du lycée.
  • Et d’un autre côté, je savais que je n’aimais pas trop les matières scientifiques. Pour prendre plus de plaisir à être au lycée chaque jour, je préférais aller occuper mes journées avec des matières que j’aimais davantage.

Quand j’ai dû choisir ma prépa, j’ai d’abord pensé à HEC. Puis j’ai entendu dire qu’il y avait beaucoup de maths, beaucoup de philosophie, et que les profs incitaient les élèves à se dépasser en étant sévères avec eux. Je n’étais pas bonne en maths et en philo donc je préférais éviter ça. Et je savais que moi je travaillais bien quand on m’encourageait, quand on me disait que j’avais fait du bon travail, pas en me mettant 2/20 et en me disant que je pouvais faire bien mieux. J’ai donc choisi d’aller en classe préparatoire à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan, plutôt qu’en prépa HEC.

Ce désir d’apprécier le chemin vient probablement plus de ma personnalité que d’autre chose. J’ai besoin d’apprécier ce que je fais dans ma vie. Si quelque chose ne me convient pas, je n’aime pas vivre avec cette contrainte, et je trouve des moyens de la contourner. C’est ce que j’ai fait avec ma filière de lycée : je voulais continuer d’avoir le prestige des bonnes notes, mais sans les matières scientifiques. Puis je voulais le prestige d’être en prépa et de pouvoir intégrer une grande école, mais sans qu’on détériore mon estime de moi avec de la sévérité.

Cette attitude m’a permis d’apprendre à connaître mes besoins. Connaître ses besoins est essentiel pour choisir des voies professionnelles qui vont nous rendre heureux. Si on ne se connaît pas, on n’a pas les outils pour prendre les bonnes décisions.

Avoir le désir d’apprécier le chemin permet aussi de centrer ses décisions autour de son bien-être plutôt que des attentes des autres.

Exercice : Est-ce que toi tu penses avoir ce désir d’apprécier le chemin ? Si ce n’est pas le cas, je t’invite à faire la chose suivante la prochaine fois que tu as une décision à prendre : imagine que tu te dédoubles et que ton double est quelqu’un qui veut absolument apprécier le chemin. Quelle décision prendrait ton double pour apprécier le chemin ? A ton avis, comment se sentirait ton double en prenant cette décision et en vivant cette vie ? Et à ton avis, comment te sentiras-tu, toi, en prenant une décision qui répond plutôt à ce que tes proches ou la société attendent de toi ? Que conclus-tu de ça ?

4) Tirer des leçons de chaque expérience

La quatrième chose qui m’a permis de dépasser ce qu’on attendait de moi, c’est que j’ai continué d’apprendre à me connaître en tirant des leçons de chaque expérience professionnelle. A chaque fois que j’ai fait un stage, je me suis demandé ce que j’avais apprécié et voulais retrouver dans ma prochaine expérience, et ce qui ne m’avait pas plu et que je voulais éviter dans l’expérience suivante.

Par exemple, en 2015, j’ai fait mon stage de fin d’études en tant que Chef de projet web dans une startup. Ce que j’ai aimé dans ce stage, c’était de travailler dans une petite entreprise, d’être sur un projet web, d’être autonome la majorité du temps, et de concevoir le site web. Ce que je n’ai pas aimé, c’était les valeurs non partagées avec mon manager, ses coups de pression et de colères.

Pour mon expérience suivante, j’ai gardé les points positifs en trouvant un boulot relativement autonome dans une startup web. Et j’ai enlevé les points négatifs en rejoignant une startup dont les valeurs étaient déjà plus proches des miennes.

Comme j’ai tiré ces leçons à chaque expérience, à chaque tournant, j’ai enlevé de plus en plus de points négatifs et ai augmenté mon bien-être et mon épanouissement au fur et à mesure.

5) Suivre des personnes inspirantes et côtoyer le milieu

La cinquième chose qui m’a aidée est que j’ai commencé à suivre des personnes qui disaient des choses qui m’inspiraient et à côtoyer des milieux qui m’intéressaient mais n’étaient pas forcément habituels dans mes études.

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En 2014, je me suis prise de passion pour l’entrepreneuriat. J’étais en stage dans une grande entreprise, mais mon hobby préféré était de lire des livres sur les entrepreneurs, et d’aller à des Apéros Entrepreneurs à Paris, parce que j’étais fascinée par leurs idées, et ce milieu-là. Je ne voulais pas spécialement devenir entrepreneure tout de suite, je ne me sentais pas de faire ça, mais ça m’attirait alors je côtoyais le milieu, pour le plaisir. Le jour où je suis devenue entrepreneure, c’est passé comme une lettre à la poste car ce n’était pas un milieu qui m’était complètement étranger. Ca faisait trois ans que je côtoyais des entrepreneurs, que je participais à des startups weekends, qui sont des événements où on crée une boîte en 48h, avec une équipe, rassemblée pendant le weekend.

De la même manière, à cette période, j’ai commencé à regarder la chaîne Youtube d’Olivier Roland. Il parlait de développement personnel et d’entrepreneuriat. Deux ans plus tard, c’est grâce à lui que j’ai découvert le blogging, le fait qu’on pouvait voyager et travailler à distance avec ce métier, et grâce à qui j’ai pu réaliser ce double-rêve, en rejoignant sa formation.

Donc je t’invite fortement à prendre le temps de côtoyer les milieux qui t’intéressent. Que ce soit en allant à des événements en présentiel, en regardant des vidéos Youtube, en lisant des newsletters ou en écoutant des podcasts. Ou tout ça à la fois. Peut-être que LesNouveauxTravailleurs est une de ces sources pour toi, si tu t’intéresses à l’épanouissement professionnel et aux modes de travail alternatifs. Peut-être qu’il y en a d’autres, peut-être dans des domaines spécialisés. Pour les choses visuelles, tu peux suivre ça sur instagram, sur Pinterest. Bref, à toi de trouver les médias et les personnes qui sont des sources d’inspiration pour toi. Comme tu peux le voir avec mes exemples, rien que le fait de les suivre est déjà un pas vers ton épanouissement professionnel, car ça peut t’amener là où il faut plus tard.

6) Se défendre pendant des discussions énervantes

Un autre point, un peu surprenant à mon sens, est que j’ai appris à assumer mes positions en discutant avec les personnes qui continuaient de me renvoyer vers l’autre fonctionnement, élitiste. Je te le dis tout de suite, ces conversations ont été des conversations énervantes pour moi. Ca m’a agacée car j’avais le sentiment de devoir me justifier et que je sentais que ça bouillonnait en moi. Mais, à cause de cette émotion, je me suis défendue en exposant mon point de vue. Et à l’issue de la conversation, je sentais que ma conviction que je faisais les bons choix était renforcée.

Par exemple, un jour, un membre de ma famille m’a dit « Mais tu n’as pas l’impression qu’avoir fait toutes ces études, alors que maintenant tu entreprends, c’est un échec ? ». J’ai bouillonné. Parce que je déteste qu’on doute de moi, de mes décisions, qu’on me dise que j’ai mal fait quelque chose ou qu’on me parle d’échec. Du coup j’ai répondu en me justifiant et en exposant mon point de vue. Je n’avais même pas conscience de ce point de vue avant d’avoir cette discussion. C’est l’émotion et le désir de me justifier qui a réveillé ça. Le point positif de tout ça c’est que, grâce à cette discussion, je me suis rendue compte de ce en quoi je croyais vraiment, et j’ai pu assumer cette position par la suite.

7 outils pour dépasser la pression sociale

  • 1) Décider ce qui te permettra de faire tes preuves auprès de tes proches, le faire, puis passer à ce que tu as vraiment envie de faire ;
  • 2) Apprendre à penser « horizontal » au lieu de penser « vertical », c’est-à-dire « comment est-ce que je peux me développer personnellement autrement qu’en montant les échelons et en obtenant des augmentations de salaire ? » ;
  • 3) Quand tu dois prendre une décision, imaginer avoir un double dont le but est de prendre autant de plaisir avec le chemin qu’avec la destination, et lui demander ce qu’il ou elle choisirait comme chemin ;
  • 4) Tenir un journal, papier ou digital, dans lequel tu analyses chaque expérience : qu’est-ce que j’ai aimé/pas aimé dans ce stage, dans ce boulot, dans ce bénévolat ? ;
  • 5) Suivre des médias et des personnes qui t’inspirent et aller à des événements pour côtoyer ces gens-là ;
  • 6) Te défendre quand quelqu’un te titille, et noter les convictions personnelles que cette conversation a fait sortir ;
  • 7) Ne pas abandonner tout de suite quand quelqu’un essaye de te convaincre de changer ta décision pour revenir dans la voie habituelle, te demander laquelle des deux décisions va le plus te rendre heureux ou heureuse.

Synthèse : comment dépasser la pression sociale ?

Pour terminer, synthétisons un peu ce qu’on a vu :

  • La pression sociale existe et vient de personnes externes qui ont toutes une motivation à créer cette pression : nos parents, les autres membres de notre famille, les professionnels de l’éducation et de l’orientation, l’Etat, les médias ;
  • La pression sociale est entretenue par nous-mêmes, parce qu’on la intériorisée ;
  • Il y a 4 potentielles raisons pour lesquelles on n’arrive pas à se défaire de ça :
    • On n’est pas assez convaincu soi-même ;
    • On ne se connaît pas, donc on se rattache à d’autres critères que ceux de notre épanouissement ;
    • On cherche de la reconnaissance et la validation des autres ;
    • On est formaté pour faire ce que l’on doit faire plutôt que ce que l’on veut faire ;
  • Tu as au moins 7 outils à ta disposition pour essayer de dépasser cette pression sociale :
    • 1) Décider ce qui te permettra de faire tes preuves auprès de tes proches, le faire, puis passer à ce que tu as vraiment envie de faire ;
    • 2) Apprendre à penser « horizontal » au lieu de penser « vertical », c’est-à-dire « comment est-ce que je peux me développer personnellement autrement qu’en montant les échelons et en obtenant des augmentations de salaire ? » ;
    • 3) Quand tu dois prendre une décision, imaginer avoir un double dont le but est de prendre autant de plaisir avec le chemin qu’avec la destination, et lui demander ce qu’il ou elle choisirait comme chemin ;
    • 4) Tenir un journal, papier ou digital, dans lequel tu analyses chaque expérience : qu’est-ce que j’ai aimé/pas aimé dans ce stage, dans ce boulot, dans ce bénévolat ? ;
    • 5) Suivre des médias et des personnes qui t’inspirent et aller à des événements pour côtoyer ces gens-là ;
    • 6) Te défendre quand quelqu’un te titille, et noter les convictions personnelles que cette conversation a fait sortir ;
    • 7) Ne pas abandonner tout de suite quand quelqu’un essaye de te convaincre de changer ta décision pour revenir dans la voie habituelle, te demander laquelle des deux décisions va le plus te rendre heureux ou heureuse.

Pour terminer, le maître mot c’est “apprendre à te connaître”. C’est la clé de l’épanouissement professionnel. Trouve le moyen qui te convient le mieux mais essaye vraiment de te pencher sur la question.

N’hésite pas à me dire ce que cet article t’a apporté ou ce qui manque selon toi, en commentaires.

Photo by Christian Erfurt on Unsplash

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