Margaux Roux est Digital Nomad entre Paris et Bali et la plume derrière le blog SportAndSand (aujourd’hui désactivé) – une de ses multiples activités.
Tu peux lire l’essentiel de l’interview dans cet article ou écouter l’interview audio complète en cliquant sur le lecteur ci-dessous :
Devenir Digital Nomad pour arrêter de se sentir vide
Avec un papa qui travaillait chez AirFrance, Margaux a toujours eu un lien avec le voyage, et a vécu une enfance d’expatriée.
Lorsque Margaux commence son premier CDI après ses études, sa réaction est “Tout ça pour ça ?!” : “Je me suis sentie vide, pas bien, je ne voyais pas d’intérêt à ce mode de vie. Je constatais que les gens autour de moi n’étaient pas épanouis. Je me suis dit “Quarante ans comme ça, je ne vais pas y arriver.””
Un an après avoir commencé ce travail, Margaux signe une rupture conventionnelle et part faire le tour du monde. “Je me suis dit “Si ça se trouve t’as juste besoin de prendre un peu l’air avant de reprendre.”. On n’avait appris que ça : être en CDI, avoir une carrière….”
En voyageant, Margaux découvre que certaines personnes (notamment des Digital Nomads) font les choses différemment. Ca l’attire mais elle ne voit pas comment appliquer ce mode de travail à ses compétences.
Elle reprend donc un CDI. Non heureuse, elle signe une deuxième rupture conventionnelle. Cette fois-ci, elle décide de se lancer. “Je me suis dit “T’as 5 ans d’expérience pro derrière toi entre les stages et les CDI. Au pire tu te plantes et c’est pas grave.””
Créer une activité autour de ses compétences-clés et centres d’intérêt
A Paris, Margaux travaillait dans les Directions de Communication des entreprises.
Pendant son tour du monde, elle avait créé un blog autour du surf et du voyage (SportAndSand). Avec pas mal d’interviews et de collaboration avec des marques de surf. Elle est aussi très présente sur les réseaux sociaux. “Ca me passionne”.
Et en parallèle, elle aime beaucoup le yoga.
Lorsqu’elle se lance, elle décide de réunir ces différentes compétences autour d’un double-profil : Communication institutionnelle / Marketing Digital, dans le milieu du surf et du yoga.
Margaux part à Bali, “l’endroit idéal pour se lancer dans le nomadisme digital, car c’est là qu’il y a le plus de digital nomads au monde. Et c’est aussi la mecque du surf et du yoga donc c’était idéal pour m’épanouir, trouver des idées et des moyens de faire business.”
Première année de nomadisme digital : Margaux se cherche et renaît
Grâce à sa rupture conventionnelle, Margaux bénéficie d’un an de chômage. Elle tâtonne beaucoup les premiers mois. “C’est un tel chamboulement intérieur que tu as besoin de temps pour digérer le truc, te recentrer, te poser les bonnes questions. J’ai tenté pas mal de trucs, puis affiné.”
Elle se crée un statut d’autoentrepreneur en France et s’inscrit sur des sites de freelances français, car elle n’est pas à l’aise en anglais. Elle trouve des clients assez facilement. Elle réalise aussi de petites missions de marketing pour un de ses amis qui fait du marketing de villa.
Passionnée de yoga, elle lance aussi une marque de leggings et brassières de yoga, qu’elle commercialise ensuite à Paris avec amie professeur de yoga.
Cette première année conduit Margaux à une très grande remise en question. Elle se questionne sur ce qui fait sens pour elle, sa mission de vie… “Ce n’est pas facile mais c’est comme la naissance d’une deuxième vie, de qui tu es vraiment. C’est tellement gratifiant d’arriver à être qui tu es vraiment. C’est dur mais c’est pour la bonne cause.”
La grande difficulté de cette transition : l’administratif
Margaux n’a pas eu de problème à se lancer, formaliser ses idées, faire des choses. “J’étais en mode “Je fonce !””.
Pendant les derniers mois de son CDI en France, Margaux fait des recherches sur Instagram (notamment les comptes de blogueurs ou autre Digital Nomads) et repère des endroits qu’elle a envie d’essayer. Elle n’a donc pas de problèmes non plus à trouver de cafés où travailler en arrivant.
En revanche, elle rencontre des problèmes côté administratif, qui la forcent à rentrer en France de façon précipitée quelques mois après son départ. “Je me suis fait piéger sur des trucs idiots. Par exemple, je n’avais pas dit à Pôle Emploi que j’avais créé mon auto-entreprise, donc quand j’ai commencé à déclarer, ils m’ont coupé les allocations. heureusement, ma famille était là pour m’aider.”
Mission numéro 1 en arrivant à Bali : rencontrer des gens
En arrivant à Bali, Margaux fait une semaine de surf camp puis une semaine de retraite de yoga. Son but : rencontrer des gens. Elle rencontre rapidement des Françaises qui deviennent des amies et l’aiguillent dans la prise de repères et de nouvelles habitudes à Bali.
Il y a beaucoup de Digital Nomads à Bali qui sont ouverts aux rencontres car ils sont tous loin de chez eux et cherchent à se recréer un cercle amical.
Margaux rencontre aussi des internationaux qui lui font découvrir de nouveaux cafés, et avec qui elle travaille de temps en temps.
Un rythme de travail où vie pro et perso sont entremêlées
“Au début, je me mettais la pression car je voulais que mes clients soient contents de moi. Je travaillais trop, je ne profitais pas de la vie à Bali. Maintenant j’ai ralenti et trouvé un rythme qui me plaît bien.”
Margaux fonctionne à l’envie. Elle s’écoute. Comme les journées en France commencent à 9h (soit 16h à Bali), elle se laisse le temps de faire des choses qui lui plaisent : yoga, prendre un café, lire un bouquin. “C’est la slow life”.
Selon l’envie du matin, Margaux reste travailler chez elle ou va dans un café si un ami le lui propose.
Elle travaille tous les jours. “Mais comme mes journées sont allégées car j’écoute mon rythme biologique, ça se passe beaucoup mieux. Je peux couper ma journée pour aller faire une session de surf puis reprendre le boulot.”
“Si tu es passionné par ce que tu fais, c’est aussi la conséquence : tout est entremêlé. C’est un rythme qui me plaît bien.”
Entre Paris et Bali
“Je retourne à Paris tous les 3-4 mois pour 3 semaines-1 mois. Parce que ma famille me manque et parce que j’ai certains clients en France que j’ai besoin de voir de visu pour gérer certaines choses.”
“Ca me permet de me recentrer, prendre du recul, revenir à mes repères et un mode de vie “normal”. A Bali, la vie est très intense, les émotions sont décuplées. Il y a beaucoup de catastrophes naturelles (séisme, éruption volcan), c’est une ambiance où les choses sont intensifiées. Ca reste aussi une destination de vacances où la fête est omniprésente, il y a une émulation énorme. Donc ça fait du bien de calmer le jeu et de revenir à une vie “stable”.”
Comme les logements ne sont pas très chers à Bali, Margaux y a une maison où sont toutes ses affaires. “J’avais besoin d’avoir ma maison, mon endroit à moi.”. Pendant ses séjours à Paris, elle loge chez sa mère.
En plus d’avoir “deux maisons”, Margaux a deux téléphones. Elle a pris un forfait à 5€ chez Sosh pour garder son numéro Français actif. Ca lui permet de gérer tout l’administratif : recevoir les SMS de sécurité de Paypal, Mailchimp, ceux de l’URSSAF, sa banque… Et de gérer davantage de comptes Instagram pour ses clients. Car l’application Instagram ne permet d’en gérer que cinq par téléphone.
Après un an, Margaux gagne assez bien sa vie pour continuer à être Digital Nomad
Après un an de nomadisme digital, Margaux prend conscience de la valeur de son travail et a développé une relation de confiance avec ses clients, ce qui lui permet de revaloriser le prix ses prestations.
Son client principal lui paye la moitié des billets d’avion. “Mes clients acceptent que je sois loin car je pratique des tarifs moins chers que si j’étais à Paris.”
Aujourd’hui, Margaux gagne 1700€ nets/mois avec cinq clients, sur des missions de Community Management, rédaction d’article, stratégie de communication.
Sachant que, d’après elle, le minimum pour vivre à Bali est 1 200€ nets/mois.
Nomadisme Digital : les 3 principaux avantages selon Margaux
Liberté d’organiser son temps comme on veut
“Tu peux disposer de ton temps comme tu l’entends. Ne pas être obligé de pointer à 9h le matin, de repartir du travail à 18h30-19h. Le présentéisme me rendait folle en France car je trouve que ça bride la créativité. Ca te discipline, ça te bloque dans tout. Le temps n’est pas bien exploité, on passe des heures en réunions. Des fois on reste au travail alors qu’on n’est pas en forme… On voit bien aujourd’hui que les gens n’arrivent plus à gérer leur vie de cette façon.”
Créer de nouvelles choses tous les jours
“Ca permet de te remettre en question en permanence, de créer constamment. C’est hyper cool en termes de développement perso et pro.”
C’est l’avenir du travail
“Ca permet d’être productif au maximum alors qu’aujourd’hui les salariés ne le sont pas. Car on ne leur fait pas confiance, ils sont dans des routines/process qui les brident. Mais on va changer paradigme.”
Nomadisme Digital : les 3 challenges principaux d’après Margaux
Solitude
“Tu pars seul, tu construis les choses seul, personne n’est là pour t’aider donc il faut avoir du courage et de la confiance en soi pour t’aider.”
Pas de frontière entre travail et perso
“C’est poreux, il n’y a pas de frontière entre le travail et la vie perso, donc il faut réussir à s’aménager des plages travail et de vie perso.”
Administratif
“Il faut gérer de se mettre en freelance, les actualisations Pôle Emploi, faire ses factures, payer sa mutuelle, les Visas, les billets d’avion, la monnaie locale, la banque, l’assurance maladie à l’étranger… Il faut tout gérer seul, se renseigner tout seul.”
Conseil de Margaux aux futurs nomades digitaux
“Il faut s’écouter avant tout. Si au fond de toi tu sens que c’est le mode de vie auquel tu aspires, qui t’apportera une vie qui te convient mieux, alors fonce, n’hésite pas.
D’ailleurs, j’ai fait un ebook (plus disponible aujourd’hui) et je propose du coaching pour sauter le pas et aller vers quelque chose qui vous plaît davantage (voir sur la page d’accueil de son blog).
Pendant mes séances de coaching, je constate que les peurs des gens (solitude, échec, pas gagner d’argent, pas trouver de logement) sont très limitantes. Les gens attendent pour finalement potentiellement ne jamais sauter le pas.
Mais il faut avoir confiance en ses capacités, se lancer, avoir confiance en la vie. C’est en se lançant qu’on fait les rencontres, c’est en étant dans le bon endroit qu’on se découvre des ressources cachées. C’est dans la difficulté qu’on déploit sa résilience et qu’on développe des choses qu’on aurait jamais pensé être en capacité de développer. On arrive à stade où on est fier de ce qu’on a fait.
Quand tu auras 80 ans, est-ce que tu veux te dire “Je ne l’ai pas fait parce que j’en avais peur” ou “Je l’ai fait parce que j’en avais envie.”. Ca aide à prendre des décisions.
Après, il faut sauter le pas dans meilleurs conditions. Moi j’avais une rupture conventionnelle. Il ne faut pas négliger le côté administratif, sécuriser un minimum, pouvoir compter sur ses proches en cas de coup dur.
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- Lucie Rondelet : Rédactrice Web Freelance
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Une réflexion au sujet de « Digital Nomad entre Paris et Bali | Témoignage de Margaux Roux »