Tu aimes la photo et aimerais devenir Digital Nomad ? As-tu pensé au métier de “Destination Wedding Photographer”, pour parcourir le monde et photographier des mariages ? Il s’agit d’un des métiers qui permettent de devenir nomade digital.
Aurore Martignoni, photographe de mariage et nomade digitale, t’explique ce métier, te raconte son parcours et te donne ses conseils pour devenir digital nomad avec le métier de “Destination Wedding Photographer” toi aussi.
L’interview est aussi disponible au format vidéo et audio :
Le métier : Destination Wedding Photographer (Photographe de Mariage International)
Qu’est-ce qu’un Destination Wedding Photographer ?
Aurore est “Destination Wedding Photographer” : elle se déplace dans le monde pour être photographe pendant des mariages.
Destination Wedding Photographer : un métier nomade
Six mois par an, Aurore voyage pour se rendre à ces mariages.
Les six autres mois de l’année, elle les passe dans son appartement en Belgique. Son travail à ce moment-là : faire du marketing, de la communication, mettre en place sa saisons de mariage, tout ça à distance.
Une journée de mariage pour un Destination Wedding Photographer
Aurore se lève et est concentrée sur la photo toute la journée.
Après une séance de méditation, Aurore part sur le lieu du mariage et s’attelle à créer de superbes images.
“J’ai une énorme responsabilité : tous leurs souvenirs seront basés sur mon travail. Toute la journée, je me sens comme le vecteur de ces bons souvenirs. Pendant cette journée-là, je ne suis pas là pour moi, je me sens là pour eux.”
Les autres journées du Destination Wedding Photographer
“J’essaye d’avoir une routine, de me créer une « journée normale » :
- Je me lève le matin ;
- Je définis un nombre d’heures de travail, un planning de ce que je dois faire ;
- J’essaye d’espacer les tâches agréables et les moins agréables
Je suis aidée : j’ai un fils de deux ans donc mes journées sont obligées d’être rythmées depuis qu’il est là :
- Je me lève une heure avant lui ;
- Je travaille 1h super concentrée ;
- Il se réveille ;
- Je passe la matinée avec lui ;
- Puis j’ai 2h pour travailler pendant sa sieste ;
- Je passe à nouveau du temps avec lui ;
- Il va se coucher et je travaille encore 1h ou 2.
Quand je suis à un mariage pendant un voyage j’ai une nounou mexicaine qui s’occupe de mon fils, Elliot.”
Le mode de vie Digital Nomad : une source d’épanouissement pour Aurore
- “Ça m’apporte de la richesse ;
- On rencontre des locaux, des façons de faire différentes ;
- Moi ça me donne énormément d’énergie d’être dans des lieux avec le soleil, la mer. Ca me donne des idées, de la créativité.
Ce n’est plus vraiment un travail.”
Comment Devenir Digital Nomad Photographe de mariage ?
Le parcours d’Aurore
Etape 1 : la passion du voyage, mais pa touristique
“Voyager a toujours été ma grande passion.
Quand j’étais enfant, je faisais du camping.
A 13 ans, j’ai demandé à mes parents de partir au Canada.
J’ai commencé ma grande vie de voyageuse.
Je me suis dit “Je veux vivre avec un sac-à-dos sur le dos”.
Ca a toujours été un de mes objectifs de vie.
Je suis allergique au tourisme.
Les villages de vacances, prendre l’avion pour aller loin et me retrouver avec gens du même pays, c’est pas mon truc.
J’ai commencé à barouder.
Etape 2 : Salariée (Responsable d’un bureau de presse)
J’ai étudié le journalisme.
Je suis partie en Italie pour Erasmus.
Ca a été la première pierre.
J’ai commencé à travailler là-bas.
J’étais responsable d’un bureau de presse.
Mon travail me faisait voyager.
Mais j’ai vite déchanté.
Car tu vois l’aéroport, l’hôtel et c’est tout.
Tu voyages énormément et t’es crevé.
Prendre l’avion, ok, mais pas tous les 3 jours.
D’autant que c’est très polluant.
Ça ne me correspondait pas.
J’ai mis du temps à le comprendre.
Je viens d’une famille dans laquelle il faut trouver un CDI, la sécurité…
C’est fondamental.
Parce que tant qu’on n’a pas senti que c’était pas pour nous, ça reste théorique.
Quand on doit prendre des claques, il faut qu’on les prenne.
En Italie, je me suis rendu compte que ça ne me suffisait pas d’être ailleurs.
J’étais dans un autre pays mais j’avais une routine.
Etape 3 : Photographe de reportage en Freelance
“J’ai eu une transition rude.
Je me suis lancée en me disant “J’en peux plus”.
Du jour au lendemain, j’étais photographe.
Sans un seul client.
J’en ai pris plein la gueule.
J’ai commencé sans trop savoir comment faire.
Je fais mes tests.
Je ne gagne pas beaucoup d’argent.
Je fais des efforts.
Je fais un gros travail personnel sur moi.
Ca me faisait peur aussi.
Je faisais du reportage social, autour des causes auxquelles je tenais.
Je prétendais trouver des clients grâce à ça.
Ça ne marchait pas.
Je faisais des boulots pour d’autres photographes.
J’étais moins payée.
Ma stratégie ne tenait pas la route.
Etape 4 : Photographe de Mariage en Freelance Sédentaire
Je me suis dit “J’aime voyager et j’aime la photo. Des mariages, il y en a partout dans le monde.”
Un coach m’a suivie.
Il m’a tiré les oreilles, m’a remise sur la bonne voie.
Il m’a dit « Tu vas devoir prendre décisions un peu difficile. Ferme les yeux, saute le pas, crois-moi.
Ça a marché.
J’ai séparé ce que j’aime faire et qui ne rapporte pas vraiment (reportage social) de ce que j’aime moins faire mais qui rapporte (photo de mariage).
J’ai séparé mes deux sites.
Je communique sur le mariage d’un côté.
Et je fais autres choses à côté que j’aime : musées…
Ce n’est pas le même style de communication.
Etape 5 : Photographe de Mariage Freelance Nomade “Précaire”
Une fois que j’ai eu bon portfolio, j’ai contacté d’autres professionnels.
Souvent, les mariages se font à deux.
Je proposais un échange :
“J’ai 5 mariages à vous proposer cet été”
“Si vous me donnez 5 mariages, je les fais gratuitement pour vous.”
Et moi je n’ai pas besoin de payer quelqu’un pour les 5 autres.
C’est donnant-donnant.
J’ai écrit à 25 photographes avant d‘en avoir un.
Puis un photographe a répondu positivement en Thaïlande.
Ça a été mon premier voyage de travail en tant que Photographe de Mariage.
Maintenant j’ai une grosse collaboration avec un photographe mexicain.
J’ai trouvé ces photographes grâce au réseau “Fearless Photographers”.
Un réseau de Destination Wedding Photographers.
Pendant les sept premières années, c’était très précaire.
6 mois par an j’avais un appartement en Italie.
Puis je faisais mes valises.
Le peu de biens que j’avais, je le mettais dans des caves chez les copains.
Je partais sans rien.
Puis je revenais et je devais retrouver un appartement, refaire des papiers…
Etape 6 : Photographe de Mariage Freelance Nomade “Solide”
Au fur et à mesure, j’ai voulu consolider mon parcours.
Je suis rentrée en Belgique.
J’ai acheté un appartement.
Ca a marqué la consolidation de mon parcours de Digital Nomad.
Avec mon appartement en Belgique, je n’ai plus besoin de chercher un appartement à chaque fois.
Et c’est un investissement qui me permet d’avoir une rentrée d’argent quand je voyage.
Ca me permet d’être plus confortable.
Mon travail est devenu mon évolution personnelle.
J’ai vu que je changeais.
Au début, les mariages, c’était surtout mon gagne-pain.
Mais j’ai senti que j’aimais ça.
J’ai vécu comme une floraison personnelle.
J’ai commencé à avoir des relations différentes avec les mariés.
Maintenant c’est devenu ma passion.
J’ai moins de clients.
Je les suis un à un.
Ils sont merveilleux.
J’ai construit mon travail à mon image.
C’est aussi arrivé dans ma vie avec mon enfant.
Avant, mon style de vie était lié au fait d’échanger mes heures contre de l’argent.
Mais un enfant prend beaucoup de temps.
Quand on voyage, ça demande une autre organisation.
Je n’ai plus seulement moi à penser, mais moi, mon fils, mon compagnon.
Etape 7 : Slasheuse
De fil en aiguille, je suis devenue slasheuse.
J’ai touché au monde de la formation.
J’ai commencé à faire de la vente par affiliation.
De façon organique, pour aider les gens.
Je me suis retrouvée dans un cycle où j’ai plusieurs boulots et plusieurs entrées d’argent.
Les difficultés pour devenir Digital Nomad
L’acceptation par sa famille
Mes parents surtout.
Ils ne comprenaient pas trop ce que je faisais.
Ils n’étaient pas d’accord.
Ils n’y voient toujours pas beaucoup de sens.
Ce n’est pas facile de trouver les bons mots pour l’expliquer.
Et de continuer sur son chemin, parce qu’on se sent différent.
La gestion du temps
Personne ne te dit ce que tu dois faire et quand.
Quand tu es sous les cocotiers avec la mer et que tu es entouré de gens en vacances, tu dois trouver la motivation pour avoir des journées de travail.
Tu vas nager dans la mer, mais pas dix heures par jour.
J’ai des amis voyageurs qui ont le même style de vie.
On reste entre nous.
Le matin pour le petit déjeuner.
Le soir pour faire des activités ensemble.
Ca s’apprend la gestion du temps.
Mais ce n’est pas toujours facile.
Les entrées d’argent non constantes
C’est important d’apprendre à gérer son argent de façon intelligente.
Dans mon cas, j’ai toujours eu la règle « Dépenser moins que ce que je gagne ».
Parfois ça a voulu dire changer d’appartement en un mois.
Lâcher mon appartement pour voyager.
Ce n’est pas compliqué pour moi car je suis minimaliste.
Mais c’est important de le faire.
Si on est malin, on peut sauter la 2ème étape de « Je pars dans tous les sens ».
Et passer directement à « Je suis structuré et je sais ce que je fais ».
C’est ça qui m’a apporté résultats concrets.
L’isolement
On se retrouve seul avec son projet.
Je devais me motiver, prendre mes responsabilités.
Tout ça tous les jours.
Il y a des jours où tu te lèves le matin et t’as des coups durs.
Un jour en Thaïlande, on m’a volé tout mon matériel photo.
Et mon passeport.
Je suis vivante, tout va bien.
Mais, sur le moment, je me suis retrouvée face à moi-même.
Et je me suis dit « si je continue, ça veut dire que c’est vraiment ce que j’ai envie de faire ».
J’ai rencontré des personnes sur le trajet.
J’ai rencontré une fille sur Couchsurfing en Afrique du Sud.
Elle était photographe et se sentait seule.
On est devenus amies.
On s’est perdues de vue.
Mais elle m’a mise en contact avec des amis en Thaïlande.
Un ami t’en fait rencontrer un autre…
Au début, je choisissais mes destinations par rapport à ce que je voulais voir et faire.
De plus en plus, mes destinations deviennent qui j’ai envie de rencontrer.
La dernière fois au Mexique, j’ai rencontré un collègue qui faisait les vidéos d’un mariage.
On s’est bien entendus.
Il est venu faire un mariage en Belgique.
Je lui ai proposé de passer un mois à la maison pour apprendre à se connaître.
J’aime bien le yoga, la méditation, la cuisine végétarienne, la musique, jouer de la guitare.
Il y a plein de choses qui peuvent te relier à d’autres personnes.
En voyageant, on augmente ses intérêts aussi.
Si on s’ouvre, on peut rencontrer plein de nouvelles choses qui nous plaisent.
Conseils pour devenir Digital Nomad
1) S’entourer de personnes qui nous ressemblent et ont les mêmes objectifs
C’est la base pour rester motivé et pas isolé.
Il faut aller sur des forums.
Parler à des personnes sur Facebook.
Ne pas rester dans son isolement
Envoyer des messages privés, parler aux gens, poser des questions.
Moi ça me fait plaisir si je peux enthousiasmer quelqu’un en racontant mon histoire.
2) Apprendre à suivre son instinct
On ne l’utilise pas trop.
Au final, mes meilleures décisions, c’était avec mes tripes
Ça s’apprend.
3) Faire le premier pas
Si on se dit « Ça doit etre trop cool d’être Digital Nomad », il faut commencer.
Où que l’on soit.
Même partir 1 mois.
Ou se dire “Je commence à 9h, je me garde 1h le matin pour écrire pour mon blog”.
Commencer à développer quelque chose.
C’est important de se lancer, pas juste de rêver.
Même avec de toutes petites actions.
Mises les unes à la suite des autres, le projet commence à exister.
4) Se construire sa propre sécurité financière
Apprendre à gérer son argent fait partie des grandes capacités à avoir.
Quand j’ai commencé, ma première question le matin c’était « Qu’est-ce je vais faire aujourd’hui pour gagner de l’argent ?».
De plus en plus c’est « Qu’est-ce que je vais faire aujourd’hui pour aider les gens, pour créer quelque chose de positif ? ».
5) Faire du développement personnel
Faire du développement personnel d’une manière ou d’une autre.
Pour que la vie professionnelle et la vie personnelle soient main dans la main.
Par exemple, avant je baissais mon prix.
Ou je faisais tout pour avoir un client.
Et je me retrouvais avec des clients qui me correspondaient pas.
Je le faisais car j’avais peur de le perdre.
Je n’avais pas confiance en moi.
J’avais cette petite voix « il y a sûrement des photographes meilleurs que toi ».
Maintenant je me dis « Ok, y a plein de photographes mais je sais qui je suis, je m’accepte, je fais de mon mieux »
Depuis, j’attire des clients merveilleux.
Ce ne sont pas eux qui ont changé mais moi.
Notre travail, c’est notre reflet.
C’est là que tout prend son sens.
Concrètement, demain je veux devenir photographe de mariage pour devenir Digital Nomad, quelles sont les étapes ?
Etape 1 : Devenir un bon photographe
Se focaliser sur la technique photographique.
Sentir qu’on aime ce qu’on fait et qu’on le fait bien.
Avoir une sécurité à ce niveau-là.
Etape 2 : Se lancer
Trouver ses premiers clients.
Faire ses premières photos.
Puis se construire portfolio au fur et à mesure.
Se créer une page Facebook pour exposer son portfolio.
Une image vaut mille mots.
C’est très puissants pour parler de son travail.
Etape 3 : Se construire une clientèle sur place
Commencer par se construire clientèle là où on est…
Etape 4 : S’ouvrir au monde
…Puis s’ouvrir au monde.
Proposer du travail à d’autres photographes.
Demander ce qu’ils ont à proposer en échange.
Faire partie de réseaux comme Fearless.
Trouver les réseaux qui vous correspondent.
Et les utiliser comme moyen de vous faire connaître.
Où retrouver le travail d’Aurore Martignoni ?
Retrouve ses photos de mariage, et les liens vers ses réseaux sociaux, sur son site : youandeye.eu.
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Photo de couverture : Norbu Gyachung on Unsplash